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En Suède, la lutte contre l’immigration est au cœur du programme du nouveau gouvernement

Longtemps terre d’accueil, la Suède ferme ses portes aux immigrés. Ils ne sont plus les bienvenus, c’est le message envoyé par le nouveau gouvernement de droite, dont le chef du parti d'extrême droite est devenu l'allié-clé.

Article rédigé par franceinfo - Carlotta Morteo, édité par Ariane Schwab
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le chef du parti des Modérés, Ulf Kristersson a été élu Premier ministre par le Parlement suédois, le 17 octobre 2022. Il a reçu le soutien inédit et influent de l'extrême droite des Démocrates de Suède (SD). (JONATHAN NACKSTRAND / AFP)

Après huit ans de gauche au pouvoir, la Suède a basculé à droite en octobre dernier avec un soutien inédit et influent de l'extrême droite. Résultat : la lutte contre l’immigration devient une priorité alors que 20% de la population suédoise est née à l’étranger.  

>> En Suède, l’extrême droite tire les ficelles du nouveau gouvernement conservateur

Le durcissement des règles migratoires avait déjà commencé sous les sociaux-démocrates, qui se sont notamment attaqués au regroupement familial. Mais le gouvernement d’Ulf Kristersson va beaucoup plus loin. L’ampleur et la précision des propositions a pris tout le monde de court.

"L’accord de gouvernement fait 60 pages, il couvre six thèmes. L’un d’eux est la question de l’immigration et de l’intégration mais c’est, de loin, le chapitre le plus volumineux : 20 pages sur 60, soit  un tiers des propositions."

Louise Dane, juriste au Centre suédois du Droit des réfugiés

à franceinfo

"Il y a 32 sous-parties dans chacune desquelles sont développées plusieurs idées, poursuit Louise Dane. On s’attendait à une tonalité plus dure venant d’un gouvernement de droite, mais on a été surpris par le détail des propositions." 

Dans ces propositions rédigées par le gouvernement, on trouve pêle-mêle, l’idée de bloquer les demandeurs d’asile dans des zones de transit , le temps d’étudier leur dossier, d’expulser les réfugiés dont le pays n’est plus considéré comme dangereux, d’imposer aux immigrés économiques de démontrer d’un salaire trois fois plus élevé que ce qui leur est actuellement demandé. On note également l’arrêt des permis de résidence permanents au profit de permis temporaires à renouveler régulièrement mais aussi la possibilité de retirer le permis permanent ou la citoyenneté à ceux qui l’ont déjà obtenu.

Un effet dissuasif certain

Le genre d’idées qui sème un vent de panique chez les étrangers vivant en Suède. Edison est Colombien et vit depuis 10 ans en Suède dont il vient de devenir citoyen. "Tous ces changements pourraient m’affecter un jour, craint-il. En ce moment, je vois mes amis qui attendent pour leur permis de résidence permanente, inquiets, ça les met dans une situation d’instabilité alors que tous ces gens travaillent, payent des taxes, contribuent au pays."   

Les juristes et les législateurs vont devoir évaluer si toutes ces propositions sont en réalité légales, si elles peuvent effectivement être appliquées, puisque la Suède est tout de même tenue de respecter non seulement sa Constitution, mais les droits de l’homme, et en particulier le droit européen. Mais ce qui est sûr, c’est que tout cela va avoir un effet dissuasif. Si le pays est perçu comme fermé, il y aura beaucoup moins de demandes d’asile, si les procédures sont trop compliquées, les gens vont abandonner, et c’est aussi là-dessus que mise le gouvernement actuel, au détriment des besoins de main d'œuvre dans de nombreux secteurs - de l’industrie, à l’aide à la personne. Le changement de paradigme est acté.

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