En Suède, l’extrême droite tire les ficelles du nouveau gouvernement conservateur
Après les élections de septembre dans ce pays du nord de l'Europe, le nouveau cabinet vient d'être investi par le Parlement. C’est une coalition de droite après huit années de gouvernement de centre gauche. Mais en coulisses, fait sans précédent, c’est surtout l’extrême droite qui a imposé ses idées.
L’extrême droite n’a aucun portefeuille dans ce nouveau gouvernement. Mais c’est bien elle, avec ses 73 députés, qui est à la manœuvre. Désormais première force politique à droite (depuis les élections de septembre), elle a voté comme un seul homme lundi 17 octobre pour soutenir le nouveau cabinet dirigé par le conservateur Ulf Kristersson. Les Oui l’ont emporté par 176 voix pour (et 173 voix contre). Toute la droite d’un côté. Toute la gauche de l’autre.
Les Démocrates de Suède, nom de ce parti d’extrême droite, ont en effet passé un accord, vendredi 14 octobre, avec les trois autres partis de droite. Ils n’entrent pas au gouvernement mais ils participeront à toutes les décisions, à la préparation de tous les projets de loi, au choix de tous les présidents de commission. Et ce, précise l’accord, avec "une influence complète et égale" aux trois autres formations. Ils seront même partie prenante dans un "cabinet intérieur" de la coalition, sorte de gouvernement parallèle. Ils n'ont donc pas de portefeuilles ministériels mais ils sont aux manettes.
Un durcissement très fort sur l'immigration
Et surtout, l'extrême droite a imposé ses choix politiques : l’accord signé vendredi fait la part belle à son programme. Sur l’immigration, le nombre de réfugiés accueillis chaque année en Suède va passer de 6 400 à 900 (sept fois moins). Le regroupement familial sera durci, l’accès à la citoyenneté suédoise restreint. Sur le climat, les ambitions sont révisées à la baisse, les taxes énergétiques vont diminuer. Sur la lutte contre la délinquance, la police pourra, dans certaines zones, opérer des fouilles sans autorisation préalable, et une interdiction nationale de la mendicité est envisagée. Pour le leader de l’extrême droite, c’est carton plein. "Avec cet accord, explique Jimmie Akesson, ce sera la politique de notre parti, sur la criminalité, la politique de notre parti sur l’immigration. C’est une nouvelle orientation pour la Suède." Le fait est que c’est une révolution dans ce pays de tradition modérée : non seulement le "cordon républicain" a totalement disparu autour de l’extrême droite, mais surtout ses idées triomphent.
Une majorité très serrée
Néanmoins, il n'est pas certain que cet accord tienne. La majorité tient à un fil : trois sièges d’écart. Les deux partis de centre droit de la nouvelle coalition au pouvoir, les chrétiens démocrates et surtout les libéraux, risquent de trouver la facture un peu salée en particulier sur les questions de société, l’immigration, la mendicité. La presse suédoise souligne aujourd’hui combien la position de l’extrême droite est confortable : elle joue les marionnettistes sans être au gouvernement, donc sans avoir à payer l'éventuelle impopularité de certaines mesures. Les trois autres partis de droite risquent, à terme, de trouver ce compromis assez déséquilibré.
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