Entre les deux Corées, un petit village vit au gré des tensions entre les frères ennemis
Les deux Corées, officiellement en guerre depuis plus de 70 ans, s’affrontent à coup de mégaphones, de propagande, quand il ne s’agit pas d’essais de missiles… Une ambiance de vie plutôt pesante vers la frontière.
Tongil Chon est un petit village de plus 400 âmes situé à un peu plus d’une heure de route de Séoul, la capitale de la Corée du Sud, avec vue directe sur le voisin nord-coréen. À quelques kilomètres de ce qu’on appelle la zone de contrôle civile où l’accès est déjà restreint, l’ambiance devient pesante.
On voit de longs barbelés, des postes d’observation militaire, et de l’autre côté d’un fleuve, la Corée du Nord. Ensuite, lorsque l’on est autorisé à y accéder, on passe par un checkpoint où notre identité est vérifiée mais pas de fouille, ni de contrôle des sacs. Une fois les formalités administratives terminées on peut s’enfoncer un peu plus dans la zone tampon autour de la frontière pour arriver au village.
Un état de tension permanent
Un village dans la zone démilitarisée ressemble somme toute à un village sud-coréen assez classique. Il y a une église, une école remplie d’élèves et puis des maisons, devant lesquelles on trouve un drapeau sud-coréen. Et comme partout ailleurs et il y a un maire, le même depuis 20 ans, Lee Wan-Bae. "Nos citoyens ici sont constamment dans un état de tension, la Corée du Nord est juste là, explique ce dernier. Mais ils sont habitués, ils ont vécu tellement de moments très compliqués, par exemple, lorsque le pont entre les deux pays a été coupé. Juste en dessous de là où nous sommes actuellement, il y avait un silo à blé, et nous avons vécu dedans quelque temps."
"Notre vie s’est améliorée. Il y a encore quelques années ici il y avait des mégaphones de propagande des deux côtés de la frontière, et c’était très bruyant !"
Lee Wan Bae, maire de Tongil Chonà franceinfo
Car depuis Tongil Chon, on voit directement le voisin. Au loin flotte d’ailleurs un drapeau nord-coréen. Des deux côtés de la frontière, les autorités ont créé des villages de propagande, afin de montrer, à l’autre, la prospérité de son pays. Celui-là a été créé en 1973, à l'époque où la Corée du Nord était plus florissante que sa voisine du Sud.
Certains habitants comme Min Thae Seung, cinquante ans de vie dans le village, décrit un climat pesant dans la péninsule. "C’est une ambiance particulière. Quoi qu’il arrive, nous sommes déjà dans un état d’urgence permanent, donc c’est compliqué d’imaginer ce que l’on peut faire de plus pour être prêt. Car lorsque l’on vit aussi proche de la Corée du Nord, il y a une tension permanente." D’autres, comme Chae Soon-so, 90 ans, sont plutôt décontractés, malgré le nombre de tirs de missile sans précédent effectués par la Corée du Nord et qu’un essai nucléaire semble imminent. "Je ne suis pas forcément inquiet par les essais de missiles ou autres. S’il y a la guerre, les gens ne vont pas mourir uniquement ici. Et si le conflit ne se règle pas avec des armes nucléaires, dans ce cas nous avons bien plus d’armes conventionnelles que par le passé. Ici il n’y a pas d’inquiétude particulière", affirme le nonagénaire.
Les incidents, bien moins fréquents à la frontière, ont effectivement rendu la vie plus agréable pour les habitants de Tongil Chon, qui veut littéralement dire... "le village de l’unification". Un projet politique qui semble plus éloigné que jamais alors que les deux Corées sont toujours officiellement en guerre, depuis plus de 70 ans.
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