En randonnée sur le GR 20 en Corse, où l'on croise des marcheurs amochés, des locaux inquiets et des Claudettes enflammées
Cet été, franceinfo vous emmène sur les chemins de randonnée partout en France. Impossible de ne pas emprunter le mythique GR 20, l'un des plus difficiles d'Europe, qui traverse la Corse du Nord au Sud. Dans le hameau de Vizzavona, au milieu du parcours, des marcheurs exténués hésitent à abandonner et à prendre le train.
Au centre de l'île de Beauté, le hameau de Vizzavona, perdu dans les montagnes, vit au rythme des randonneurs. Placé au milieu du GR 20, il marque la fin de la partie la plus difficile du sentier, côté Nord. Quasiment inhabité l'hiver, il reprend vie en été, avec sa gare qui amène depuis ou emporte les marcheurs vers Bastia et Ajaccio.
Ces derniers reviennent à un semblant de civilisation, après avoir été coupés du monde pendant plusieurs jours. Ils ont déjà 90 kilomètres dans les jambes. C'est le moment de se retaper, de profiter des quelques commerces et épiceries pour se ravitailler, et de se poser la question : est-ce que l'on continue, ou est-ce qu'on prend le train et on s'arrête là ?
"On voit des genoux fracassés"
Damien et Carlos, 35 et 34 ans, n'ont pas encore décidé. Damien a mal au genou. Tous les deux sont bandés de partout. "C'est un peu de l'escalade, de l'alpinisme par moments", raconte Damien. "Je m'attendais pas à ça, c'est quand même très dur. Il faut utiliser ses mains, sinon on tombe", ajoute Carlos. "C'est un peu acrobatique, mais les paysages sont tellement fantastiques que ça vaut le coup."
Les deux amis ont croisé un homme qui a décidé de faire le GR 20 à vélo. "Enfin, personnellement, je l'ai pas vu faire du vélo, je l'ai vu plutôt porter le vélo tout le temps", précise Carlos.
Le train arrive à Vizzavona. Cette gare, symbole parmi d'autres du GR, est fréquentée par de nombreux randonneurs, surtout l'été. Certains sont amochés, confie la chef de gare. "On voit des genoux fracassés. Parfois, ils arrivent vraiment esquintés sur le quai", raconte-t-elle.
La semaine dernière, j'ai vu une pauvre dame avec les pieds bandés. Elle était sans chaussures.
La cheffe de gare de Vizzavonaà franceinfo
"Il va falloir limiter l'accès au GR", trop fréquenté
Un peu plus loin, un groupe de randonneurs corses, originaires de Bastia, boit un verre sur la terrasse d'un petit café-restaurant. "Pour nous, le GR 20, c'est un piège à touristes. Il faut pas venir, c'est une arnaque !", blague l'un d'entre eux.
Un autre, accompagnateur en montagne, recentre le débat. "Il va falloir qu'on en limite l'accès, pour protéger certaines zones", estime-t-il. "Environ 20 000 personnes parcourent le GR 20 selon les derniers comptages. Ca fait beaucoup. Le GR traverse des sites protégés. Certainement, on devra à un moment limiter la fréquentation du sentier. On ne va pas construire des refuges pour les gens tous les cinq kilomètres !"
Une petite danse pour marquer la fin du parcours
Sur les hauteurs de Vizzavona, on entend une musique inattendue au milieu des montagnes. Alexandrie, Alexandra, de Claude François, craché par une enceinte. Plusieurs membres de la Fédération française de gymnastique volontaire fêtent la fin de leur étape, la dernière réalisée en marche nordique, qui marque aussi la fin de leur saison. "On fait quelques petits tronçons, durant trois-quatre heures, avec un rythme soutenu, des bâtons", raconte une des pratiquantes, retraitée.
Ca fait travailler 90% des muscles. C'est très bon pour l'ostéoporose.
Une randonneuse retraitéeà franceinfo
A peine le temps pour elle de donner les âges de ses camarades - entre 55 et 80 ans - que le refrain du tube iconique se fait entendre. Les randonneuses s'improvisent Claudettes amateures, pour quelques secondes de joyeuse insouciance.
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