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Législatives 2022 : Olivier Véran en guerre contre la Nupes !

L’ancien ministre de la Santé, désormais en charge des relations avec le Parlement, a donné jeudi l'une de ses premières interviews depuis l'élection présidentielle. L'occasioin pour lui d'attaquer ses adversaires politiques, avec des arguments qui peuvent laisser songeur.

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Clément Viktorovitch dans Entre les lignes, sur franceinfo, le 2 juin 2022. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Ce sont en effet les nouvelles attributions d’Olivier Véran : ministre chargé des relations avec le Parlement, de la vie démocratique et, manifestement, de la charge contre les adversaires politiques ! Jeudi 2 juin, sur LCI, il a consacré une grande partie de son intervention à attaquer la Nouvelle union populaire (Nupes). Et il l’a fait d’une manière… créative, puisqu’il a inventé une nouvelle forme de critique : la critique participative.

"Moi je suis allé voir son programme sur internet, les Français peuvent vérifier, déclare Olivier Véran. Faites une recherche par mots-clefs, tapez rechercher dans votre page internet, le mot interdit ou interdire ou interdiction, vous savez combien de fois il apparaît ? 41 fois !" Bon, du coup j’ai regardé… et c’est vrai ! 41 occurrences du verbe interdire dans les propositions portées par la Nupes !

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La critique d’Olivier Véran repose sur une donnée quantitative exacte. L’objectif, c’est bien évidemment de renvoyer Jean-Luc Mélenchon et son programme à une image autoritaire et liberticide. A ceci prêt… que cela ne nous dit rien de la nature de ces interdictions ! Du coup… j’ai regardé. "Interdire les parachutes dorés. Interdire l’obsolescence programmée. Interdire les panneaux publicitaires numériques. Interdire les produits financiers toxiques…" Bon, ce sont des propositions politiques : on peut être pour ou contre. En revanche, elles frappent avant tout les acteurs économiques. On est tout de même loin, me semble-t-il, d’une restriction drastique des libertés individuelles. 

Exagérer volontairement la position de l'adversaire

Une argumentation qui semble critiquable. D’un point de vue rhétorique, l’utilisation d’une donnée chiffrée par Olivier Véran agit comme un subtil sophisme de l’homme de paille. Un procédé fallacieux consistant à exagérer volontairement la position de l’adversaire, jusqu’à ce qu’elle semble se réfuter d’elle-même. Et figurez-vous que ce n’est pas le seul exemple : "Il est en train de faire des propositions altermondialistes, reprend Olivier Véran. Il nous vante une alliance altermondialiste avec le Venezuela, Cuba, l'Iran, etc... J'invite vraiment chacun qui se pose la question à lire."

J'ai regardé...  Aucune mention de l’Iran dans le programme web de la Nupes. Pas plus que de Cuba ou du Venezuela. Pire : aucune mention d’une alliance avec ces pays durant toute la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon ! Nous sommes toujours dans le sophisme de l’homme de paille, mais poussé cette fois à son paroxysme. Il ne s’agit plus seulement d’exagérer les propos de son adversaire, mais de les inventer, purement et simplement. 

En pleine campagne des législatives, cela pourrait être bonne guerre d’autant que Jean-Luc Mélenchon lui-même ne ménage pas vraiment le gouvernement… S’il n’y avait pas cette troisième critique de la part d’Olivier Véran. "Vous avez aussi, pardon de le dire, du côté de la Nupes, du côté de Jean-Luc Mélenchon, poursuit le ministre chargé des relations avec le Parlement, la volonté de piper un peu cette élection. Avec des affiches partout de Jean-Luc Mélenchon disant : 'Élisez-moi Premier ministre'. Les gens sont nécessairement un peu perdus. Je considère qu'il ne faut pas mentir aux Français, il faut leur dire ce qu'on va faire."

Des piétons passent devant une affiche "Mélenchon Premier ministre" à Paris, le 1er mai 2022. (THOMAS COEX / AFP)

Avec ses affiches "Mélenchon Premier ministre", la NUPES "piperait" l’élection présidentielle. Il faut s’arrêter là-dessus un instant. Sur le fond, déjà : c’est faux. Certes, les français n’élisent pas le Premier ministre. Il est nommé par le président de la République. Mais tous les professeurs de droit constitutionnel le reconnaissent , en cas de cohabitation, le président n’a d’autre choix que de nommer le chef de la majorité parlementaire. C’est ce qui s’est passé en 86, avec Jacques Chirac et en 97, avec Lionel Jospin. La formule de Jean-Luc Mélenchon est un raccourci, éventuellement un abus de langage, mais elle reflète fidèlement l’esprit et la pratique de nos institutions.  

Sur la forme, maintenant : Que le ministre chargé des relations avec le Parlement, et de la Vie démocratique, accuse à tort un opposant de "piper" les élections parlementaires… Cela, en revanche, me semble de nature à altérer la sincérité du scrutin.

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