Expliquez-nous... Erri De Luca
Erri De Luca est un napolitain né dans une famille bourgeoise mais ruinée par la guerre, qui a eu plusieurs vies. A la fin des années 60, il s'engage en politique et part à Rome où il rejoint le mouvement d'extrême gauche "Lotta continua" dont il devient l'un des dirigeants jusqu'à sa dissolution en 1977. Mais quand certains choisissent la clandestinité et la lutte armée, Erri De Luca, par refus de la violence renonce à cet engagement politique. Il en choisit un autre beaucoup plus éprouvant: pendant près de 20 ans il est ouvrier, à la Fiat, sur des chantiers, puis en France où il se réfugie quand les lois d'exception sont votées en 1982 et c'est dans cette vie, dure, qu'il se passionne pour l'écriture et la bible. Afin d'étudier l'ancien testament il apprend l'hébreu, puis l'allemand pour pouvoir comprendre le yiddish et c'est parce q'uil voulait absolument renouer avec son père, qui lui avait transmis la passion des livres, qu'il se décide à se faire publier. "Non ora non qui", pas ici, pas maintenant, son premier roman marque le début de sa carrière littéraire en 1989, une cinquantaine de livres plus tard, il est l'un des plus grands écrivains italiens, édité dans le monde entier. Erri de Luca est aussi un alpiniste chevronné.
Comment qualifier son œuvre ?
Elle est d'abord très personnelle, "Montedidio" publié en France en 2002, prix Femina étranger, c'est le quartier populaire de son enfance à Naples, ville qui est au cœur de sa littérature, tout comme la méditerranée, l'île d'Ischia où il passait des vacances humbles et heureuses, revient très souvent. Le style d'Erri de Luca c'est une poésie simple, sensuelle, une écriture fluide où se mêlent des éléments très autobiographiques et sa quête spirituelle. Dans "Un noyau d'olive", "Au nom de la mère", se déploie en lien avec le réel, sa passion pour le judaïsme, lui qui se considère comme non croyant mais pas comme athée. Maître dans l'art de la parabole, l'écrivain navigue avec aisance entre récit épuré et questionnements profonds. C'est un humaniste, engagé, lui qui a fait beaucoup d'escalade dans le Piémont a adhéré à la cause des habitants du Val de Suse contre le chantier de la ligne tgv Lyon-Turin qui lui vaut ce procès. Dans un petit livre, brillant et drôle, "La parole contraire" il explique que le verbe à l'origine de son inculpation, "Saboter", renvoie au XIXème siècle quand les ouvriers en colère lançaient leurs sabots contre les machines.
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