Expliquez-nous... la crue centennale

On parle de crue centennale de la Seine car les spécialistes estiment qu’elle a 1% de chance de se produire chaque année, ce qui fait donc une crue tous les 100 ans. C’est évidemment une statistique car on peut très bien ne rien subir pendant des décennies, et à l’inverse, des crues énormes peuvent se produire en l’espace de quelques années. Mais il est vrai que la dernière très grande crue de la Seine date de 1910, cela fait 106 ans. La probabilité qu’elle survienne est forte.

Pourquoi 1910 ? 

Juste avant la crue, en janvier 1910, des pluies énormes et de la neige ont fait déborder des affluents de la Seine, les sous-sols se sont saturés d’eau.  Au pic de la crue, la Seine atteint 8 mètres 62 au Pont d’Austerlitz (à l’époque, le niveau normal était de 2 mètres). Aujourd’hui, quand la Seine est à 3 mètres 20, on commence à fermer les voies sur berges.

1910, le grand débordement 

Il y a de l’eau dans 40 kilomètres de rues, les caves, les égouts, le métro, dans tous les quartiers qui bordent la Seine. Les inondations montent au nord, jusqu’à la Gare Saint-Lazare. 20.000 immeubles parisiens sont inondés, tout comme la moitié du métro de l’époque.

On a en tête ces images de barques dans les rues ou de ces femmes en robe longue qui marchent sur des passerelles pour aller d’un point à un autre. Il n’y a eu qu’un mort en 1910, mais la crue a perturbé la vie de centaines de milliers de personnes, rien qu’à Paris avec le manque de nourriture, d‘électricité aussi l’augmentation du chômage car de nombreuses entreprises ont été paralysées.

Très gros dégâts  

La crue elle-même a duré 10 jours et la décrue 35 jours. Le séchage a pris des mois, et il a fallu réparer pendant des années des chaussées défoncées. Aujourd’hui, l’OCDE estime que si la région parisienne connaissait une crue centennale comme celle de 1910, cela entrainerait des dommages directs de 30 milliards d’euros.

Plus grave aujourd’hui qu’en 1910

La crue serait plus grave car aujourd’hui, les déplacements sont au cœur de notre vie quotidienne et leur perturbation serait plus pénalisante. Par ailleurs, la place de l’électricité est bien plus forte qu’en 1910. Les réseaux électriques sous terrains seraient affectés, mais aussi le téléphone, le câble, toutes les télécommunications.

En cas de crue centennale, Paris, le Val-de-Marne et les Hauts-de-Seine  seraient les plus vulnérables. Il y aurait plus de 800.000 personnes les pieds dans l’eau, mais près de cinq millions de franciliens seraient touchés de près ou de loin par la crue. 

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