Expliquez-nous... La stratégie du gouvernement pour attirer ou faire rester les plus riches
Alors que le Premier ministre Edouard Philippe et Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise), ont débattu, dans "l'Emission politique" sur France 2, autour, notamment, de la question fiscale, franceinfo s'arrête sur la stratégie du gouvernement pour attirer ou faire rester les plus hauts revenus.
"Je transformerai l'ISF en impôt sur la rente immobilière. J'exonèrerai tout ce qui finance l'économie réelle" avait tweeté Emmanuel Macron en février dernier.
L'objectif du gouvernement est d'inciter les contribuables les plus riches à réorienter leur épargne vers l'investissement et les placements qui alimentent l'économie. Cela passe, entre autres, par ce projet de recentrer l'Impôt sur la fortune sur le seul patrimoine immobilier: transformer l'ISF en un IFI: impôt sur la fortune immobilière.
Aujourd'hui à quelques exceptions près, tout ce qui fait la fortune est pris en compte dans le patrimoine net taxable qui sert de base au calcul de l'ISF. A l'avenir en seraient exclus les actions, les assurances vie, les autres actifs financiers mais aussi les biens meubles, les fameux "signes extérieurs de richesse" évoqués dans le débat avec Jean Luc Mélenchon: yachts, jets privés, chevaux de courses, lingots d'or...
"Je l'assume, a commenté Edouard Philippe. Notre objectif est de faire en sorte que le capital reste en France. Et même d'attirer des gens riches en France."
Le coût pour l'Etat de cette transformation de l'ISF en IFI varie selon les estimations mais serait d'un peu plus de 3 milliards d'euros.
Les recettes espérées sont liées à un double pari: faire revenir les plus gros contribuables ou éviter qu'ils ne quittent la France et générer de la croissance profitable à tous. Ce que Jean Luc Mélenchon a qualifié lors du débat de "théorie du ruissellement". "Les pauvres, a-t-il ajouté, n'ont pas besoin de miettes de plus en plus grosses des plus riches"
L'autre objectif affiché par le gouvernement, dans un contexte de Brexit, est de faire de Paris LA nouvelle place financière de référence. Plusieurs mesures sont envisagées pour attirer institutions financières et investisseurs internationaux : abroger l'extension de la taxe sur les transactions financières qui était prévue au 1er janvier prochain; rendre moins coûteux le licenciement d'un trader en excluant les revenus "bonus" du calcul des indemnités de licenciement et, donc, réformer la taxe sur les salaires -cette taxe acquittée par les employeurs établis en France, lorsqu'ils ne sont pas soumis à la TVA sur la totalité de leur chiffre d'affaire- en supprimant dans le secteur financier la tranche la plus élevée: une tranche au taux majoré de 20% pour les rémunérations brutes individuelles annuelles supérieures à 150.000 euros.
D'autres mesures, d'ordre plus juridique, sont envisagées pour faire en sorte que la complexité du droit bancaire et financier français n'ait pas un effet repoussoir.
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