Expliquez-nous le pacte européen pour la migration et l'asile

À trois semaines des élections du 9 juin, franceinfo développe chaque jour une thématique Européenne. Aujourd'hui, la question migratoire.
Article rédigé par Louise Bodet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le Parlement européen à Strasbourg, le 22 avril 2024. (JEAN-MARC LOOS / MAXPPP)

Le pacte pour la migration et l'asile vient a été adopté mardi 14 avril après huit années de négociations.. Les 27 ont deux ans pour l'appliquer. Concrètement, il s'agit d'une dizaine de lois qui organisent l'enregistrement, le filtrage, et in fine l'accueil ou le refoulement des demandeurs d'asile.

Différents objectifs 

Le but est de lutter contre l'immigration illégale. Quelque 385 000 clandestins sont entrés sur le territoire européen en 2023, un record depuis 2016 et la crise des réfugiés syriens, qui avaient été plus d'un million à atteindre nos côtes.

L'objectif est aussi, plus largement, de dissuader les candidats à l'exil. Au total 1,4 million de demandes d'asile ont été déposées l'an dernier dans l'Union européenne. Ce pacte doit permettre de renforcer les contrôles aux frontières et l'ouvrir de centres de rétention, où les demandes d'asile seront traitées beaucoup plus vite, en triant les candidats, y compris les familles, afin de renvoyer rapidement ceux qui ont peu de chance d'obtenir l'asile, autrement dit les migrants économiques. 


Le pacte prévoit aussi la solidarité entre États membres. L'idée, c'est de ne pas laisser seuls les pays en première ligne comme l'Italie, l'Espagne ou la Grèce. Les autres pays européens s'engagent, soit à accueillir des demandeurs d'asile, soit à payer une compensation financière. En parallèle, l'Europe multiplie les accords avec les pays où transitent les migrants comme la Turquie en 2015, la Libye un an plus tard, la Tunisie l'an dernier, ou la Mauritanie et l'Égypte, il y a quelques semaines. Le deal, c'est que ces pays empêchent les départs, en échange d'un soutien financier quitte à ignorer la façon dont les migrants y sont traités. 

Jugé à la fois trop répressif et trop laxiste


À peine adopté, ce texte est déjà contesté car il est jugé trop répressif par les défenseurs des droits humains. Il renforce l'Europe forteresse, sans prévoir suffisamment de voies légales d'immigration,  comme les visas de travail ou d'études, alors que l'Europe s'est montrée capable d'accueillir près de six millions d'Ukrainiens. À l'opposé, ce pacte est jugé trop laxiste par les conservateurs européens du PPE, qui proposent d'externaliser le traitement des demandes d'asile vers des pays dit sûrs, comme vient de le faire le Royaume-Uni, qui s'apprête à envoyer ses demandeurs d'asile au Rwanda, où l'Italie, qui va ouvrir un camp d'accueil en Albanie. Quinze pays de l'Union européenne, loin d'être tous classés à droite, soutiennent cette externalisation, et demandent un nouveau tour de vis. Le dossier est sur la table de la prochaine Commission, et sur le dessus de la pile.   

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