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Expliquez-nous. Les tentatives passées d'introduction de sélection à l'entrée de l'université

Comment faire en sorte que l'augmentation du nombre de bacheliers puisse être absorbée sans problème par les universités? Comment permettre à chaque étudiant de choisir une filière qui lui convient vraiment? Alors qu'une grande réflexion est entamée sur le sujet, franceinfo se penche sur les tentatives, passées, de mise en place de critères de sélection à l'université. 

Article rédigé par franceinfo - Emilie Gautreau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le ministre de l'Education Nationale, Alain Peyrefitte, tient une conférence de presse sur la rentrée scolaire et universitaire, le 20 octobre 1967, à Paris. Quelques mois plus tard, il tentera, sans succès, d'introduire des critères de sélection à l'université.  (AFP)

La première grande réflexion sur le sujet date de 1967, à l'initiative du général de Gaulle, dans un contexte où le nombre d'étudiants avait plus que doublé en 10 ans...

"Tout se passe, écrit à l'époque le Ministre de l'éducation, Alain Peyrefitte, comme si l'université organisait un naufrage pour repérer les nageurs qui échappent à la noyade".

Charles de Gaulle lui confie la mission de mettre en place une "orientation des élèves à l'issue de la scolarité obligatoire et une sélection des étudiants à l'entrée de l'université".

Les mesures envisagées sont détaillées en Conseil des ministres le 24 avril 1968: inscription automatique dans la voie choisie pour la moitié à deux tiers des élèves en fonction de crières précis: obtention d'une mention ou de notes de plus de 12 sur 20 dans les disciplines liées à la voie choisie. Dans le cas contraire, possibilité d'admission après examen du dossier scolaire par un jury.

Le projet était censé être débattu à l'Assemblée nationale trois semaines plus tard, donc en mai 1968. Il sera finalement abandonné et la loi Faure -du nom du nouveau ministre de l'éducation Edgar Faure- sera promulguée le 12 novembre 1968. Parmi les grands principes actés figurait la non-sélection à l'entrée de l'université.

Abandon successif des projets envisageant des critères de sélection

En 1976, le projet de loi dit Saunier-Séïté (Alice Saunier Séïté était secrétaire d'Etat) envisage une sélection à l’université après les deux premières années. Le texte est abandonné après trois mois de grève générale étudiante.

En 1986, le projet de loi Devaquet, du nom là aussi du secrétaire d’Etat chargé du dossier, prévoit d'instaurer la possibilité d'une sélection à l’entrée de l’université dans le but "d'adapter les flux aux besoins du marché du travail, aux capacités d’accueil des établissements et aux capacités des postulants". 
Le projet de loi est retiré après la mort d’un étudiant, Malik Oussékine, lors de manifestations contre le texte.

Des critères de sélection de fait en vigueur dans certains cas aujourd'hui

La règle en vigueur à l'heure actuelle est que le "premier cycle est ouvert à tous les titulaires du baccalauréat". C'est dans le Code de l'éducation.

Il existe cependant une sélection légale par la suite, puisque la loi autorise, depuis fin 2016, les universités à sélectionner à l'entrée du master.

Par ailleurs, les universités qui bénéficient du statut de "grand établissement", les écoles d'ingénieurs internes aux universités, les IAE -écoles de commerce des universités-, les IUT, sélectionnent, de fait, leurs étudiants.

Une sélection existe aussi dans le cadre de formations spécifiques: doubles licences, collèges de droit, parcours internationaux avec une partie du cursus à l'étranger...

Enfin, l'organisation étudiante UNEF dénonce, chaque année, des "pratiques illégales devenus monnaie courante": prérequis pour s'inscrire à certaines licences, obligation d'être issu de telle ou telle série, entretiens préalables... L'organisation a recensé cette année 379 licences qui pratiquent ce type de sélection.

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