La face cachée des arêtes de poisson à Lyon : l'eau, une source de dégradation du réseau de galeries souterraines

Franceinfo vous fait découvrir le mystère des arêtes de poisson à Lyon. Situé sous la colline de la Croix Rousse, cet étrange réseau souterrain en forme d’arêtes de poison, est interdit au public.
Article rédigé par franceinfo - Murielle Girodan
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
De l'eau est présente dans certaines galeries des arêtes de poisson à Lyon. (MURIELLE GIORDAN / FRANCEINFO)

À Lyon, sous la colline de la Croix Rousse, se cache un étrange réseau souterrain en forme d’arêtes de poison, interdit au public. C’est l’une des plus grandes énigmes historiques de la ville. Franceinfo a pu le visiter.

À l’intérieur des galeries, les échelles glissent, c’est parfois bas de plafond, étroit. Quelques indices montrent que le lieu est parfois fréquenté par des cataphiles, des amateurs d’exploration urbaine. Tout à coup, le silence est interrompu par le bruit d’un ruissellement d’eau. "Il y a de l’eau car pendant plusieurs siècles, les collines ont été creusées pour avoir de l'eau", explique Nicolas Fischer, qui travaille à l’Unité Galeries de la Métropole de Lyon, mais au départ, les arêtes de poisson n’ont rien à voir avec l’eau.

"L’eau, c’est la catastrophe de ce réseau."

Cyrille Ducourthial, archéologue

à franceinfo

"Avec les cataphiles, l’eau est la deuxième cause de dégradation de cet endroit", souligne l’archéologue. "Ça abîme les maçonneries. L'idéal serait de détourner cette eau et de la faire sortir, par exemple, par la rue des Fantasques, un peu plus haut." Les archéologues veulent garder ces souterrains intacts pour pouvoir mieux les analyser et trouver des réponses sur l’utilisation de ces arêtes de poisson, ce qui permettrait de lever les mystères. Qui a construit cet ouvrage ? Quand ? Pourquoi ? Personne ne le sait. Des théories plus ou moins scientifiques fleurissent néanmoins.

Des graffitis sur les murs des galeries prouvent que les lieux, bien qu'interdits au public, sont fréquentés. (MURIELLE GIORDAN / FRANCEINFO)

Un édifice unique

Certains affirment qu'il s'agissait d'un temple ésotérique, d'autres d'une cachette pour le trésor des Templiers. L’énigme fascine le grand public, au-delà des Lyonnais. "Il n’existe aucun équivalent antique" , indique Tony Silvino, archéologue, à franceinfo. "D’habitude, les archéologues trouvent des réponses grâce à des comparaisons. Mais le problème de cet édifice, c'est qu'il n'y a aucune comparaison possible. Il n’en existe aucun équivalent, il est unique. Donc on se sent un peu démunis… "Les archéologues émettent néanmoins des hypothèses. Ces arêtes auraient été des magasins de stockage. Mais pour stocker quoi ? Là encore, il n y a pas de réponses. Peut-être que ces galeries souterraines servaient à entreposer de la nourriture, ou qu’elles ont été utilisées sous l’Empire romain pour stocker un trésor, voire l’argent collecté grâce aux impôts. 

Ces galeries ont pu aussi, c'est l'une des théories, appartenir à Catherine de Médicis. Elle les aurait utilisées pour des affaires secrètes. Ces souterrains romains pourraient aussi être liés au sanctuaire des Trois Gaules. "Ici, où on se trouve, on est un peu dans le secteur du sanctuaire des Trois Gaules, zone un peu particulière de la ville. Ce sanctuaire, qui date de 12 av JC, était dédié à Rome et à Auguste. On a tendance à penser que tout ce réseau de galeries est lié à cet ouvrage énorme", conclut Cyrille Ducourthial. 

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