Au chevet des singes en péril au Pérou
Sa grande fierté, c'est d'avoir réintroduit dans l'un des deux terrains achetés par l'association qu'elle a créée, Ikamapéru , des groupes de singes araignées et laineux. "C'est une première en Amérique latine, s'enthousiasme la Française, on a travaillé avec des biologistes qui vont étudier et suivre les animaux pendant cinq ans. "
Chaque primate accueilli ici, en plein cœur de l'Amazonie humide et verdoyante, revient de loin. Les animaux ont été "confisqués" le plus souvent sur des étals de marchés. "Au Pérou, les singes sont chassés pour le commerce de la viande, explique Hélène, grande femme aux longs cheveux bruns. Quand on tue une femelle, son petit est vendu comme un jouet ou un animal de compagnie. Il se retrouve dans les bars, les restaurants. On en retrouve dans des appartements où on les lange comme des bébés, ils n'ont plus aucun contact avec leur espèce ." Le rôle des soigneurs de l'association est donc de les réadapter à leur milieu : "Ça prend du temps, ça dépend des individus. On se met au rythme de l'animal. Il faut qu'il retrouve confiance dans la forêt ."
Ikamapérou compte une dizaine de volontaires sur place. Une vétérinaire vient de Lima, la capitale, plusieurs fois par an. Avec un budget de 80.000 euros chaque année, l'association est financée entre autres par la fondation Brigitte Bardot et Albert de Monaco. Elle possède désormais 190 hectares de forêt, notamment dans la réserve nationale Pacaya Samiriaon, où on a peu à peu recréé un écosystème depuis longtemps disparu. "On travaille beaucoup avec les communautés indiennes , insiste Hélène, et également avec les chasseurs pour aller à l'origine du mal. Le regard des autorités évolue aussi, dans le bon sens ."
Réparer la forêt
Née à Bordeaux, Hélène Collongues, fille d'un général de l'Armée de l'air, n'y a vécu, dans le quartier Saint-Augustin, qu'entre 12 et 15 ans, entre des voyages en famille d'un bout du monde à l'autre. Diplômée de l'école de Saumur, la jeune femme se passionne d'abord pour l'équitation : "C'était à l'époque le seul lien que j'ai pu développer avec les animaux. Cela m'a permis de découvrir des cultures, des gens et des pays. "
La Française s'installe d'abord au Cameroun et ouvre un centre équestre à Yaoundé. Mais la situation instable du pays l'oblige à fuir l'Afrique avec ses chevaux, pour l'Espagne, où elle rencontre son futur mari. "Mais comme on manquait d'espace en Europe, on est parti en Amazonie, où Carlos avait passé une partie de son enfance. Il était très touché par la destruction de la forêt. On est parti pour essayer de réparer ça ." La boucle est bouclée ! Hélène garde une partie de ses racines dans le Sud-Ouest. C'est à Layrac, dans le Lot-et-Garonne, qu'elle vient se ressourcer dans la maison de son grand-père. "Je retrouve ici, dit-elle, une bienveillance, une droiture, des gens qui vous disent bonjour dans la rue sans forcément vous connaître, une espèce de bonhomie qui me fait infiniment de bien. Au Pérou, on ne peut juste pas s'offrir le luxe d'avoir des ennemis ! "
Aller plus loin
Son association Ikamaperu
Retrouvez ce portrait dans le magazine régional d'informations Objectif Aquitaine
Retrouvez ce portrait dans le livre "S'expatrier, vous en rêvez, ils l'ont fait !", 100 portraits d'expatriés français aux éditions Studyrama
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