Chypre : recherche touristes désespérément
Privée des vacanciers russes pour cause de guerre en Ukraine, la petite île européenne de la Méditerranée tombe de haut cet été. Les autorités font feu de tout bois pour tenter de remplacer ces riches clients bling-bling, pourquoi pas, par des Français ?
Finie l’image des hôtels tout inclus et les plages à farniente de Limassol, la capitale touristique de Chypre. Les Russes, deuxième clientèle de l’île derrière les Anglais, étant partis pour une durée indéterminée, il faut trouver d’autres rentrée de devises.
Alors Chypre dégaine la carte du tourisme responsable, écolo et durable, pour séduire un nouveau public, et pourquoi pas les Français ? Ils étaient 40 000 avant la crise Covid, c’est à peine 1% du total des arrivées, mais Christophe Chaillou a bon espoir que cela progresse.
Le Français vit depuis plus de quarante ans à Chypre, où il dirige une agence de tourisme réceptive. "On trouve de l'agrotourisme, des hôtels traditionnels, des spas au milieu de la forêt, qui sont des produits fantastiques qui sortent de l'ordinaire."
D’autant que là où le bât blesse, la desserte aérienne de Chypre, s’améliore un peu : "Depuis cette année, on a un certain nombre de vols directs au départ de la France, de Paris, de Marseille, de Beauvais également, détaille Christophe Chaillou. On pense que pour 2023, ça s'annonce plutôt très bien."
Campagne de promotion
Les tour-opérateurs français suivent de près la destination. Le groupe Salaün Holidays propose déjà un grand tour de l’île en huit jours et un séjour marchés de Noël cet hiver, inspiré de l’Alsace. Pour Jean-Michel Caradec, directeur général des services chez Salaün Holidays, Chypre a de l’avenir :
"La conjoncture d'après-Covid et du conflit en Ukraine ont modifié profondément les habitudes de nos clients. Aujourd'hui, on a beaucoup moins de longs courriers. Il faut trouver d'autres solutions. Nous étions nous-mêmes un tour opérateur important, notamment en Russie, et donc il faut trouver des destinations et celle-là en fait partie, clairement."
Le gouvernement chypriote met le paquet pour tenter de remplacer 2,3 millions de touristes manquants, entre Russes et Anglais, et compenser une perte évaluée à 600 millions d’euros cette année. Il va ainsi consacrer 15 % de son budget total à une campagne de promotion de la destination. Savvas Perdios, le ministre du Tourisme, affiche clairement la couleur : "On est une destination très populaire pendant l'été, grâce à la plage, au soleil et à la mer. Ce qu’on est en train de faire, c'est de donner plus d'options pour les gens afin qu'ils puissent venir pendant l'hiver et visiter aussi nos villages et voir franchement la vraie authenticité de l'île. C’est les deux ensemble !"
Une vraie identité
Le problème, c’est que Chypre a longtemps souffert d’un manque d’image et d'identité. Certaines personnes pensent encore que c'est une île grecque ! L’affaire est importante. Dans ce petit pays d’à peine plus d’un million d’habitants, le secteur du tourisme représentait jusqu’à 15 % du PIB les bonnes années avant le Covid.
L’atout de Chypre, c’est d’être accessible en toute saison, assure Jean-Michel Caradec, directeur général des services chez Salaün Holidays :
"C'est à quatre heures et demie de vol de Paris et on peut y aller les douze mois de l'année. C'est bien d'avoir des possibilités pendant les vacances des Français, mais on a des retraités notamment qui voyagent toute l'année. Et une destination où vous trouvez en plein hiver, 20 ou 22 degrés, ça reste forcément très attirant pour cette clientèle-là."
L’avenir dira rapidement si ce nouveau positionnement de Chypre, plus nature et plus écolo, fonctionne. Un récent sondage montrait en tout cas que 44% des Français étaient prêts à payer plus cher un séjour afin de voyager de manière plus durable, à condition que l’offre existe.
Retrouvez cette chronique dans le magazine, sur l'appli et le site de la mobilité internationale "Français à l'étranger.fr"
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