Cet article date de plus de treize ans.

Des liqueurs aux grands crus en Afrique du Sud

Article rédigé par Emmanuel Langlois
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Pas évident de se faire sa place à l’étranger, surtout dans le milieu du vin, quand on est une femme et qu’on s’appelle Cointreau. Anne a pourtant réussi près du Cap.

Prendre du champ, et de l’expérience aussi. Anne Cointreau, jeune femme bien née dans cette famille dont le nom à lui seul fleure bon le cognac XO et la liqueur hors d’âge. Anne rappelle ses attaches, en Charente et à Angers, et aussi son envie, très jeune, de découvrir le monde. Des racines… et des ailes. Etudes de commerce classiques : management, marketing, 3ème cycle universitaire de gestion, un MBA à la CCI de Paris, et des études aux Etats-Unis. Anne enchaîne alors les postes à l’étranger : Espagne, Suède, Suisse, Autriche, en conseil et analyse de marché pour la société de matériels de travaux publics « Atlas Copco », on est bien loin des spiritueux ! Puis Anne Cointreau découvre l’Afrique du Sud via une ONG qui finance des écoles et des hôpitaux. En 1992, 18 mois avant la fin de l’apartheid, elle décide de partir s’installer là-bas, son mari et leurs trois enfants sous le bras. "C’était un pays en pleine transition, se souvient-elle. Ils se sont réveillés un matin à 46 millions d’habitants, alors qu’ils n’étaient que 6 ou 7 millions la veille ! Les gens avaient peur, fuyaient. Moi j’ai toujours eu confiance". Anne reprend un vignoble délabré, Morghenhof Estate à Stellenbosch, au cœur de la région viticole de l’Afrique du Sud, près du Cap. Sa propriété de 200 hectares produit 35.000 caisses de vin par an. Une demi-douzaine de cépages (jamais autant en France), en particulier le « Pinotage » pour le rouge, maintes fois récompensé, sont plantés sur ce terroir exceptionnel, où les vendanges ne se font qu’à la main à cause du terrain pentu. "On est à la pointe de l’Afrique, explique Anne Cointreau, on profite des brises de l’Atlantique et de l’Océan indien. Il n’y a pas de grosse chaleur. La fraîcheur du soir permet à la vigne de reprendre de la vigueur pour le lendemain." Dès le premier jour, elle a aussi développé sur la propriété un centre d’œno-tourisme, avec restaurant (et pâtisseries françaises !), chambres d’hôtes de standing et centres de conférence, où 125.000 visiteurs défilent chaque année, ce qui lui permet d’écouler une partie de sa production de vin, le reste part à l’export et auprès de clients sud-africains. L’architecture circulaire des chais rappelle d’ailleurs les grands domaines du Médoc. Quant à sa filiation, Anne Cointreau n’en fait pas un tabou, "déjà en tant que femme et étrangère, il faut faire ses preuves quand vous débarquez dans ce milieu masculin, explique-t-elle, alors en plus comme « fille de… », on vous attend triplement au tournant !". Cette expérience, Anne la partage. Conseillère du commerce extérieur français, elle s’efforce de faire profiter d’autres industries, hors viticulture, de ses connaissances du marché sud-africain.

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Retrouvez ce portrait dans Courrier Cadres, en kiosque, le mensuel des cadres acteurs de leur vie professionnelle.

Sa propriété, Morghenhof Estate, à Stellenbosch (en anglais)

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