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Économie matelas ou trampoline ?

Convaincu par l'exemple anglais depuis qu’il vit à Londres, Arnaud Vaissié dresse un réquisitoire sans appel contre la façon dont la France a géré la crise. Chantre de la mondialisation, le fondateur d'International SOS, sorte de grand Samu mondial, veut en finir avec la peur de l'expatriation.
Article rédigé par Emmanuel Langlois
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Arnaud Vaissié © Photo : Emmanuel Langlois)

L'ouvrage s'intitule «La France et le Royaume-Uni face à la crise» et c'est un vibrant plaidoyer en faveur de l'exemple anglais. Arnaud Vaissié a choisi son camp, celui des libéraux : «La France a opté pour la stratégie du matelas, explique le Français, le gouvernement a maintenu le pouvoir d'achat grâce à un système et une couverture sociale extrêmement favorable. Le problème, c'est que l'économie s'est étouffée. A Londres, c'est l'inverse : réduction forte des dépenses publiques et 550.000 postes de fonctionnaires supprimés, bientôt un million. Résultat : on prévoit 3% de croissance cette année en Grande-Bretagne, un demi pour cent en France.»

Aux yeux d'Arnaud Vaissié donc, Londres, cette tour de Babel à l'ambiance village aurait toutes les vertus. A peine concède-t-il un coût de la vie exorbitant. «L'immobilier y est encore plus cher qu'à Paris, admet-il, mais c'est une ville extrêmement dynamique. On y trouve facilement un emploi. 350.000 Français y vivent, des jeunes non qualifiés dans l'hôtellerie et la restauration jusqu'aux emplois plus qualifiés dans la banque et la finance.» Sa parole est écoutée et respectée. Chevalier de la Légion d'honneur, Arnaud Vaissié est un entrepreneur qui compte. Il a créé à Londres le Cercle d'outre-Manche, un «Think tank» (réservoir d'idées, ndlr), alimenté par les grands patrons français des bords de la Tamise.

S'il est né à Paris, Arnaud Vaissié n'y a que peu travaillé. Diplômé de Science Po, le Français démarre sa carrière aux États-Unis, où il dirige la filiale d'un grand groupe allemand. En 1985, il n'a pas trente ans et rejoint à Singapour un ami d'enfance, le docteur Pascal Rey-Hermé, médecin aux urgences pédiatriques de Necker, pour créer avec lui «International SOS». L'idée était d'inventer une sorte de Samu mondial pour expatriés. «Il avait été envoyé en Indonésie pour créer le 1er poste médical à l'ambassade de France, se souvient Vaissié. Et il s'est vite rendu compte que dans toute l'Asie du Sud-Est, il n'y avait rien qui soit offert aux entreprises et aux institutions internationales entre l'hôpital et la pratique d'un médecin classique.» Coup de génie : la société se développe dans un tour du monde à l'envers : l'Asie puis les États-Unis et enfin l'Afrique, le Moyen-Orient et l'Europe. Près de trente ans après, International SOS est devenu le leader mondial dans le secteur de la maîtrise des risques de santé et de sécurité, d'une paire de lunettes à remplacer jusqu'à des crises comme la fièvre Ebola ou l'accident de Fukushima.

Présente dans 76 pays, la compagnie emploie 11.000 personnes à travers le monde, dont 1.300 médecins, et recrute plus de 1.000 nouveaux collaborateurs chaque année. «Notre métier, explique Arnaud Vaissié, c'est d'aider les entreprises et institutions internationales à mettre en place des politiques de santé et de sécurité pour leurs employés. Nos clients sont la plupart des multinationales ou bien le département de la Défense aux États-Unis pour ses soldats.»  Marié, père de trois enfants dont deux vivent en Grande-Bretagne, Arnaud Vaissié défend l'idée d'une mondialisation sans peur ni barrières. «A Londres, l'international est vu comme une opportunité. A Paris, c'est vu comme un risque et il faut changer la problématique. On a tous les moyens pour ça.» Passionné d'éducation, en plus de son entreprise, Arnaud Vaissié dirige le collège français bilingue de Londres et s'apprête à ouvrir un nouveau lycée international dans le quartier de Wembley. Il trouve aussi parfois un peu de temps pour une partie de tennis.   

Sa société, International SOS

Le Cercle d'outre-Manche

Retrouvez ce portrait sur Vivre à l'Etranger.com, le site européen de la mobilité internationale du groupe Studyrama

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