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Hillary Clinton : "On the Road Again"

Avec son dernier ouvrage, Hillary Clinton se prépare pour la présidentielle de 2016. Et montre qu'elle est "prête", en se taillant une image de femme d’État forte, ferme, qui sait décider. Pari réussi ?
Article rédigé par Frédéric Martel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Steve Dipaoloa Reuters)

Hard Choices . Choix difficiles : c'est le titre original du (déjà) best seller mondial d'Hillary Clinton paru mardi aux Etats-Unis et mercredi en France. Quelle vision pour l'Amérique dans un monde globalisé ? Quel avenir pour le parti Démocrate et la gauche américaine ? Quel destin, enfin, pour Hillary Clinton elle-même ? Telles sont les trois principales questions auxquelles ce livre de 720 pages, Le temps des décisions , se propose de répondre.

Avec ce livre, plus aucun doute : Hillary Clinton est une femme forte, ferme, qui décide, qui est prête à devenir Commandant en chef. Dans Hard Choices , il y a le mot "hard ". Le raid contre Ben Laden ? Elle l'a voulu, elle y était favorable aux côtés de Barack Obama. Vladimir Poutine ? Un misogyne, nationaliste. Pas question pour autant d'adopter une nouvelle rhétorique de Guerre froide.

Ce faisant, elle reconnait aussi ses erreurs, ce qui est rare chez elle . Elle n'aurait pas dû voter la guerre en Irak : "I was wrong ", "c'était une erreur ", écrit-elle. Hillary Clinton va même plus loin qu'Obama pour montrer qu'elle est prête à user de la force : elle aurait aimé que l'Amérique arme plus précocement les rebelles syriens pour éviter la montée en puissance actuelle des djihadistes. Entre la pente isolationniste et le souci de montrer ses muscles sans renouer avec l'interventionnisme de George Bush, Hillary Clinton se cherche.

C'est le titre du second chapitre de son livre : le smart power , qui allie le hard et le soft , la force et de l'influence. Dans le bilan de son action à la tête de la diplomatie américaine - et ses 112 voyages en quatre ans -, on ne peut enlever à cette sexagénaire dynamique d'avoir anticipé avant les autres l'importance du numérique et d'internet. Elle a aidé les blogueurs avant même les révolutions arabes, et elle fut la première à imaginer une diplomatie numérique.

Hillary Clinton l'écrit d'une seule phrase : "Est-ce que je vais concourir pour la présidentielle de 2016 ? La réponse est : je n'ai pas encore pris ma décision ". Pourtant, ce livre ressemble à une entrée en campagne : déjà best seller, accompagné d'un plan média international (matinale de France Inter, interview à Paris Match en France), voici Hillary Clinton "on the road again ". Elle part sillonner l'Amérique, parler de son livre, un véritable "book tour" dans d'innombrables villes. Un tour de chauffe en fait pour les primaires, assurément.

En chemin, elle va devoir répondre à une question que ce livre ne traite qu'à la marge : qu'est-ce que le parti démocrate aujourd'hui ; que peut la gauche au temps de la mondialisation ?

Quid du droit d'inventaire du bilan de Barack Obama ?

Hier, le premier ministre français, Manuel Valls, a fait un discours très commenté sur l'avenir de la gauche. "Crise d'identité de la France " ; "insécurité culturelle " ; le pays "est en train de perdre pied " ; la France risque de "se défaire ". "Oui, la gauche peut mourir ", a assené Manuel Valls.

Matteo Renzi, le jeune Premier ministre italien, qui est devenu la coqueluche et la nouvelle boussole de la gauche européenne, prône lui aussi une gauche en mouvement, une gauche mobile.

A 66 ans (68 en 2016), Hillary Clinton peut-elle incarner ces nouveaux démocrates aux Etats-Unis ? Ce sera difficile. Entre le droit d'inventaire du bilan d'Obama (sous oublier celui des errements de son mari Bill Clinton), inventaire qu'elle n'a pas vraiment osé faire ; et être une force de propositions du parti démocrate, Hillary Clinton est encore au début d'une longue route.

Elle est prête nous dit-elle, mais son livre déçoit. Elle ne fait plus rêver ! Et ne dit pas ce que doit être la gauche au temps de la mondialisation.

Le prochain président américain sera-t-il une femme ? C'est possible.

Sera-t-il un démocrate ? Ce n'est pas si sûr !

* Pour aller plus loin :

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