Dans un clip, des collégiens donnent une petite leçon d'économies d'énergie
Ils entrent dans la salle en file indienne, leur carnet de correspondance encore à la main. "Il est en papier recyclé et avec de l’encre végétale", précise Emilie, 10 ans. Elle fait partie de la vingtaine de délégués de classe qui s'installent avec calme mais impatience autour de la grande table pour parler de leurs solutions pour l'environnement. Pour couvrir le projet #maplanète2050, le micro de France Info junior se balade aujourd'hui entre les murs du collège Jean Moulin d’Arnouville, dans le Val-d'Oise, au nord de Paris. Un collège labellisé E3D, pour ses actions sur le développement durable. Bordée par Sarcelles et Roissy, cette cité plutôt pavillonnaire est située à seulement quelques jets de pierre du site du Bourget, qui accueillera la COP21 en novembre prochain. D’ailleurs, la vingtaine d’élèves du collège qui participent au projet #maplanète2050 espèrent bien y faire un tour. Depuis la rentrée, ces collégiens motivés - des délégués de classe de 6e jusqu’à la 3e - travaillent deux fois par semaine après leurs heures de cours pour le projet #maplanète2050. Le 3 novembre prochain, ils rejoindront les bancs de l’auditorium de Radio France pour remettre au gouvernement le Livre blanc de la jeunesse . Il regroupe les solutions de 1.000 collégiens, dont ceux d’Arnouville et d'autres un peu partout dans le monde, pour lutter contre le réchauffement climatique.
Faire des économies d'énergie
Au collège d’Arnouville, contre le réchauffement climatique, les élèves ont les idées qui fusent. Répartis en groupes et par thématique (l’électricité, les transports, l’alimentation…), ils ont travaillé à partir du bilan carbone de leur collège : "l’an dernier, on a calculé le bilan carbone pour voir combien d’émissions de gaz à effet de serre on produit et pour voir comment les réduire" , détaille Christian, l'un des délégués. Un questionnaire a été distribué à tous les élèves, professeurs et personnel pour sonder leurs habitudes de consommation d’énergie. "On a par exemple vu que les gens qui ont une voiture utilisent du diesel ou de l’essence, mais ils n'ont quasiment pas de voiture électrique" , expose doctement Sandra, 11 ans. À partir de ce bilan et en se renseignant autour d’eux avec leur professeur de SVT et leur CPE, les élèves ont imaginé toute une liste de bonnes idées pour moins consommer d’énergie : un détecteur de mouvements qui permet d’éteindre la lumière si personne n’est dans la pièce ou le couloir, un endroit au collège pour déposer ses objets usagés mais qui fonctionnent toujours, faire du compost à partir des déchets de la cantine et mettre en place un potager, manger des légumes de saison pour éviter de les transporter depuis de lointains pays... "Pour éviter une trop grosse agression de la Terre, on voudrait mettre en place une journée sans voiture. C'est pour éviter que tous les gaz partent dans l’air" , ajoute Camille. "Et faire plus de covoiturage aussi, s’empresse de compléter Sandra, un petit sourire en coin qui se dessine. S’il y a moins de voiture, il y aura moins de bouchons et on ne sera pas en retard en collège." Les délégués ont même imaginé de créer un logiciel de covoiturage propre au collège. Ils ont compilé ces propositions dans un clip et des petits sketches de leur cru.
Contre l'iPhone 6
Les collégiens ont passé leur propre vie quotidienne au peigne fin, guettant les dépenses d'énergie et les surconsommations superflues. "Moi je pense qu’on consomme beaucoup trop d’énergie , s'insurge Leana, je trouve qu’on produit trop, on gaspille. Par exemple, il y a l’iPhone 6 qui vient de sortir. Tous ceux qui ont l’iPhone 4 pensent qu’il n’est plus trop à la mode, ils vont le jeter pour en acheter un nouveau. Ça va consommer plus et produire plus." Mais aux yeux des élèves, trop souvent, les bonnes idées ne sont pas suivies d’effet. "Ça devrait être automatique tout ça, comme le covoiturage. Aujourd’hui, chacun prend sa voiture alors qu’il n’y a personne dedans" , s'énerve Emilie, 10 ans. Pêle-mêle, pour les élèves, c'est la faute à "trop d’égoïsme" , un manque de "gentillesse " ou encore une vision un peu trop courte. "Souvent les adultes disent que de toute façon, ils ne seront pas là plus tard. Mais ils sont trop sur le « maintenant ». Il faudrait que tout le monde réfléchisse à plus tard" , rajoute Emilie. Changer nos habitudes, "on a oublié de faire ça avant, quand on ne pensait pas à ces problèmes écologiques" , complète Sandra. Parfois les meilleures intentions se heurtent aussi aux problèmes du quotidien, difficiles à concilier avec une conscience plus écolo. Leana : "c’est mieux de prendre les transports en commun mais mes parents ne voudront pas que je les prenne seule. Ils disent qu’il n’y a pas de sécurité, la dernière fois, il paraît que quelqu’un avait même cassé la vitre du bus , lâche-t-elle, avant de trouver une alternative qui fait l’unanimité dans la classe. Il faudrait des bus scolaires pour toutes les écoles, comme aux Etats-Unis !"
"On espère convaincre les adultes de se mettre d'accord"
Mais à quelques semaines de la COP21, pas de quoi de décourager les collégiens, dopés à l’espoir. Les idées ont fusé pour évoquer leurs solutions pour le climat, les langues se dénouent et chargent à toute allure quand il s’agit de parler de la COP21, de leur avenir et leurs "espérances" . Lana se lance : "Nous, on espère que ça va changer quelque chose, qu’on va réussir à convaincre les adultes de se mettre d’accord pour améliorer notre futur, même si on est une petite classe d’un collège, rêve l'ado. On veut montrer que même nous, petits, on s’intéresse au réchauffement climatique, ça serait bien que les adultes montrent aussi l’exemple." La petite voix d’Emilie met tout le monde d’accord : "en fait, quand il faut écouter les petits, personne n’est d’accord, on nous dit d’aller dans notre chambre, mais quand il s’agit des grands, il faut toujours les écouter. Mais là, il faut que tout le monde s’y mette." À l’autre bout de la table, en écho, Leana, dans un demi-sourire : "c’est vrai, c’est pas tout seuls avec nos petites mains qu’on va faire tout ça !"
À ÉCOUTER ►►► Sandra et Akaash, 11 et 14 ans , sont élèves au collège Jean Moulin d'Arnouville. Au micro de France Info junior, ils nous donnent une petite leçon d'économie d'énergie. Depuis le lycée Antoine et Consuelo de Saint-Exupéry à San Salvador, Rocio, 14 ans , présente l'émission de radio créée avec ses camarades. Le but : parler des dangers qui menacent nos ressources en eau et donner des conseils pour moins la gaspiller. Le podcast est à écouter à la fin de cet article.
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