1913 en sons | Et Apollinaire parla dans le micro
24 décembre 1913. Il est 11 heures. Plusieurs écrivains se retrouvent chez un ingénieur délégué par Pathé, Ferdinant Brunot, qui a entrepris il y a quelques années le défi d'archiver la parole d'une époque. Ce jour-là, c'est Guillaume Apollinaire qui s'enregistre : Le Voyageur, Marie et Le Pont Mirabeau
L'écrivain André Salmon, présent ce jour-là, raconte la coulisse : "Il s'écoute, non sans stupeur. Ses amis le retrouvent, mais il ne se reconnaît pas ! Il est en effet des organes profonds de perception auditive dont nous ne jouissons que grâce au phonographe [...] lorsqu'il nous renvoie cette propre voix qui étouffe, quand nous parlons, les dites perceptions profondes, trop délicates ; les voix intérieures eût dit Hugo qui eût aimé l'invention du professeur Brunot. Ainsi à l'audition seconde nous entendons-nous, somme toute, pour la première fois, d'où une assez vive surprise. Après Guillaume Apollinaire, nous connûmes cette émotion, ce trouble, en entendant chanter notre double" (citation extraite du quotidien Gil Blas)
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Le Pont Mirabeau
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
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