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23 juin 1916 : les fantômes du village d'Ornes

Après quatre mois de combats autour de Verdun, aucun des deux camps ne prend véritablement l'avantage. Si les Allemands avancent pied à pied, au terme de coûteuses offensives, les Français résistent et ne brisent pas. En cette fin du mois de juin, le sort de la bataille est d'ailleurs sur le point de tourner. Tout le secteur de Verdun est profondément marqué par les combats et des villages entiers ont été rasés. Ils ne seront jamais reconstruits. C'est le cas de celui d'Ornes, où se trouve notre reporter, Alice Serrano.
Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
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Imaginez une forêt , une clairière tapissée d'herbe vert tendre, entourée de pins, au bord d'une route peu fréquentée. Au milieu se dressent des colonnes qui ne soutiennent plus rien et des murs déchiquetés, noircis, percés de grandes fenêtres vides. C'est l'église d'Ornes. Ce qui reste de l'église d'Ornes en 2014. En juin 1916, elle avait encore un toit et même un clocher. Mais déjà plus de paroissien.

Sa façade de style classique avec fronton triangulaire est grêlée de coups , son toit est crevé, de même que les murs des maisons qui la jouxtent. Depuis les premiers jours du conflit au cœur de l'été 1914, Ornes perd ses habitants. Les mobilisés d'abord. Les premiers combats voient le village transformé en hôpital de campagne. Les femmes, les vieillards et les enfants font péniblement les moissons.

Mais la guerre se rapproche . Fin août 1914, le massacre de Rouvres, où des troupes allemandes tuent
les civils du village, et les combats dans la région, poussent le
gouverneur général de Verdun à appeler les habitants à évacuer Ornes. L'offensive passe au large mais des Uhlans, des cavaliers allemands, font régulièrement irruption. Des maisons sont pillées. Deux enfants du nom de Collignon sont tués par des obus. Un certain Théophile Molinet est fusillé par les Uhlans.Le village se vide encore un peu plus.

C'est le 9 octobre 1914 que le destin d'Ornes se noue . Peu après 19 h du soir, les Allemands font irruption en ville. Toute la journée, ils l'avaient observée avec insistance. Ils rassemblent tous les habitants qu'ils trouvent, soit 74. Cachés ou protégés par l'héroïsme de certains, comme Emile Péridon, 120 autres parviennent à s'échapper.

Les prisonniers sont rassemblés et vers 22 h commence leur périple . Il les conduira au fond de la Saxe, à Zwickau. Certains meurent en chemin. Les survivants seront finalement ramenés en France via la Suisse. Mais pas pour retourner dans leur village. Ils seront dispersés dans le Gard et dans la Drôme. Pendant ce temps là, la guerre, qui a longtemps tourné  autour de leur village, s'y arrête. La bataille de Verdun a commencé...

 

 

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