7 octobre 1896 : Nicolas II, le tsar de Russie, est reçu à Paris
Voilà deux jours que la France vit à l'heure russe. Le tsar Nicolas II et la tsarine Alexandra Fedorovna ont accosté le 5 octobre à Cherbourg, accueillis par une revue navale. Le lendemain, Paris a pavoisé à son tour. Arrivé gare du Ranelagh, il descend les Champs Elysées. Un dîner de gala dans la plus grande tradition l'attendait à l'Elysée avant une soirée à l'Opéra.
S'il ne vient pas à la rencontre des parisiens au feu d'artifice du Champs de Mars, auquel il n'assiste pas, c'est un triomphe populaire qui l'accompagne en cette matinée du 7 octobre. Le gouvernement français l'a savamment orchestré en décrétant même un jour de congé scolaire la veille. La compagnie des Chemins de fer de l'Ouest n'a pas hésité à affréter des "trains de plaisirs" (40% de réduction), et 930.000 personnes sont arrivées de province.
La pose de la première pierre du pont Alexandre III, qui relie les Invalides et les Champs Elysées, constitue le clou de la visite. Le tsar est équipé d'un outillage d'or et les armes de la France et de la Russie impériale figureront - et figurent encore - sur les lampadaires de style saint-petersbourgeois du pont.
Il porte le nom du père du tsar, Alexandre III, artisan de l'alliance franco-russe, ratifiée le 4 janvier 1894. Dirigée contre l'Allemagne et ses alliés, elle permettra, en cas d'agression du Kaiser Guillaume II, de se défendre et d'effacer les plaies de la défaite de 1870 en récupérant l'Alsace-Moselle.
L'objet de la semaine, présenté par Frédérick Hadley, de l'Historial de la Grande Guerre de Péronne :
Les explications de Frédérick Hadley, de l'historial de la Grande guerre :
Après la visite d'une escadre française à Kronstadt, en Russie, en 1891 et la signature d'une convention militaire en 1892 établissant une alliance défensive; après la visite à Toulon d'une flotte russe en octobre 1893, puis celle de Nicolas II à Paris (1896), le Président Félix Faure se rend à Saint-Pétersbourg en 1897. C'est lui que l'on voit ici en queue-de-pie, serrant la main du Tsar. Cette boîte à musique joue la Marseillaise et l'hymne national russe. Elle traduit l'enthousiasme d'une alliance qui sortit la France de l'isolement diplomatique qui avait succédé à la défaite de 1870. Mais elle rappelle aussi le danger d'une alliance qui ancra, en Allemagne, le sentiment d'encerclement.
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