Guillemette, 20 ans : "On a toqué à la porte d'un étudiant qui n'avait pas mangé depuis trois jours"
Tous les jours, Manon Mella donne la parole aux jeunes de 18-28 ans. Mercredi 20 octobre, rencontre avec Guillemette, étudiante boursière et secrétaire générale de la Fédération Syndicale Etudiante (FSE) de Rennes.
Direction Rennes pour rencontrer Guillemette, 20 ans, secrétaire générale de la Fédération Syndicale Etudiante (FSE) de la ville. Cette année, elle a dû mettre ses études sur pause pendant car elle a peur de perdre sa bourse. Il n’y a plus de place dans la licence qu’elle voulait faire et comme Guillemette a déjà redoublé sa première année à cause du Covid-19 et des cours à distance, elle ne veut pas prendre le risque de se lancer dans un cursus qui ne lui plaît pas. Quand on est un étudiant boursier, on peut perdre sa bourse si on redouble plus de deux fois.
"J'ai dû faire le choix de ne pas faire d'études cette année"
"J'ai dû faire le choix de ne pas faire d'études cette année. Si je loupe ma dernière licence 1, je ne pourrais plus jamais avoir de bourse de ma vie", explique Guillemette, boursière échelon 3 qui avait entamé des études de droit. Faute de place en sciences de l'éducation, l'université lui a proposé en solution de repli : une licence de russe, de breton ou de chinois, une branche qui ne correspond pas du tout à son projet professionnel. Elle préfère attendre et retenter la licence souhaitée l'an prochain. "Je dois faire un choix entre avoir la licence qui me plaît ou arrêter les études", ajoute l'étudiante. Pas d'étude cette année, donc pas de bourse pour Guillemette qui vit grâce à l'argent gagné durant l'été.
En septembre 2020, Guillemette a décidé de faire partie du syndicat étudiant FSE de Rennes dont elle est aujourd'hui la secrétaire générale. "Ils étaient présents à ma fac et j'ai été convaincue par ce qu'ils me disaient. J'ai décidé de participer à leurs réunions et à leurs actions", raconte Guillemette qui se souvient avoir "toqué à la porte d'un étudiant qui n'avait pas mangé depuis trois jours", pendant le confinement.
S'engager auprès des étudiants via la FSE a aussi été un rempart contre la solitude que Guillemette a éprouvée pendant la crise sanitaire. "C'est ce qui m'a le plus aidée pendant le confinement", confie-t-elle.
"Il me fallait un échappatoire. J'étais confinée dans un 9m². Je me sentais vraiment très seule."
Guillemette, 20 ansà franceinfo
Guillemette demande plus de moyens pour la fac de demain. "À Rennes 2, il y a une licence qui a failli ne pas rouvrir", dit-elle, faisant référence aux enseignants de Staps qui avaient bloqué la reprise des cours pour protester contre les conditions de travail. "On a le droit d'avoir des conditions d'études qui sont décentes", réclame Guillemette qui demande une réévaluation des bourses. "J'étais au Crous donc ça va j'avais 244 euros de loyer mais avec 325 euros de bourse je fais quoi de mon mois ", interroge-t-elle. "Il me restait 80 euros. Qu'est-ce qu'on fait avec ça ? C'est vraiment utopique de penser qu'on peut acheter à manger avec 80 euros", regrette Guillemette qui ajoute : "On a des livres à acheter, il y a le téléphone etc".
"L'élection présidentielle ça va être une période un petit peu sportive"
À 20 ans, Guillemette a déjà voté pour les municipales et les régionales où elle a choisi La France insoumise "parce que c'était le programme qui me plaisait le plus", dit-elle. "Je pense que je vais faire pareil pour les présidentielles. Si ça ne bouge pas, ce sera Mélenchon mais j'attends", dit-elle en ajoutant : "Je pense que ça va être une période un petit peu sportive. On verra bien."
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