Jordan, 24 ans : "Je n'ai jamais voté et je pense que je ne voterai jamais"
Tous les jours, Manon Mella donne la parole aux jeunes de 18-30 ans. Mardi 16 novembre, rencontre avec Jordan, 24 ans, qui suit une formation aux métiers de la vigne et du vin dans la vallée de l'Agly (Pyrénées-Orientales).
Dircection les Pyrénées-Orientales qui détiennent le triste record du taux de chômage le plus élevé de France au second trimestre 2021. À Perpignan, plus de 30% des 14-25 ans sont au chômage, mais à une vingtaine de kilomètres, dans la vallée de l’Agly, on forme une dizaine de jeunes éloignés de l’emploi aux métiers de la vigne et du vin. Cette formation diplômante, dans le cadre d'un programme baptisé Skola, permet aux vignerons du coin de trouver de la main d’œuvre et aux jeunes de trouver du travail. Commencée début novembre, elle est dispensée par l'association de développement local du pays de la vallée de l’Agly et les Apprentis d’Auteuil.
"Je suis content de me lever à 6h du matin pour travailler dans les vignes"
Parmi les jeunes qui participent au programme, il y a Jordan, né à Perpignan. À 24 ans, il connaît déjà bien le milieu viticole et vinicole. "J'ai déjà travaillé à la taille quand j'avais 12 ans avec mon père qui est vigneron. J'ai appris tout ça avec lui mais là, je préfère avoir un diplôme, comme ça les patrons peuvent nous prendre. Et puis je vois que mon père est fier de moi."
Ce que Jordan aime dans ces métiers, c'est "le fait de travailler dehors". Avant de se lancer dans cette formation, il a connu sept années de "galère" et d'inactivité à Perpignan. "À Perpignan, il n'y a pas de travail et personne veut te prendre quand tu n'as pas de diplôme alors qu'ici c'est comme une deuxième chance. Avant, je ne faisais rien, je restais chez moi toute la journée. J'étais un jeune galérien."
Jordan raconte se sentir bien mieux dans les vignes de Latour-de-France, dans la vallée de l'Agly, qu'à Perpignan. "Je me sens bien. Je suis content de me lever à 6 heures du matin. Le soir je rentre et j'ai de la bonne fatigue. Avant j'étais énervé toute la journée parce que je me faisais chié et parce que j'étais chez moi toute la journée... Il faut travailler."
Grâce à cette formation diplômante, Jordan peut enfin se construire un avenir. "Je peux me projeter maintenant, me trouver un bon jardin, mon permis, ma maison... Quand on n'a rien, on n'a rien. On peut juste regarder".
"Je ne m'intéresse pas à la politique. Je regarde juste la météo le matin parce que je travaille à l'extérieur."
Jordan, 24 ansà franceinfo
La politique, Jordan s'en sent très éloigné. À vrai dire, il n'a jamais cru aux discours politiques. "Je n'ai jamais voté et je pense que je ne voterai jamais. Ça ne m'intéresse pas de voter pour des gens qui disent qu'ils vont faire des choses alors qu'ils ne font jamais rien à la fin. Pour moi, ils ne font que parler. Pour l'instant, je cherche mon propre bonheur à moi."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.