Guerre entre Israël et le Hamas : Joe Biden perd patience

Même si, à l'ONU, les États-Unis votent contre les résolutions appelant à un cessez-le-feu immédiat, le président américain est de plus en plus critique avec Israël dont il est pourtant un ancien et fidèle soutien. Joe Biden évoque des "bombardements aveugles" sur Gaza et une possible "érosion" du soutien international à Israël. De son côté, Benyamin Netanyahou demeure inflexible.
Article rédigé par Frédéric Métézeau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Le président américain Joe Biden participant à la fête juive de Hanoukkah à la Maison-Blanche le 11 décembre 2023. (ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / POOL)

 Mercredi 14 décembre au soir, à quelques minutes d'intervalle, les deux belligerants durcissent encore leurs positions. La guerre des mots est plus implacable que jamais. Ainsi, pour le chef du Hamas basé au Qatar, Ismael Haniyeh, "tout arrangement à Gaza sans le Hamas est une illusion". Au même moment, en visite sur une base militaire, Benyamin Netanyahou déclare : "Nous allons continuer jusqu'à la fin, la question ne se pose pas. Les pressions internationales ne nous arrêteront pas. Jusqu'à la fin !"

À Gaza, où il pleut à verse et où les températures baissent rapidement, la situation est dramatique comme a pu le constater une équipe de CNN entrée pour la première fois à Gaza sans être embarquée par l'armée israélienne. Près de 19 000 personnes sont mortes et presque 51 000 ont été blessées selon le ministère de la Santé contrôlé par le Hamas mais dont les chiffres sont jugés crédibles par les Nations unies. Côté israélien, au-moins 115 soldats ont été tués.

L'impatience de Joe Biden

Mais cette semaine, quelque chose a changé. Jusqu'ici, la plupart des pays occidentaux Etats-Unis en tête, soutenaient globalement Israël. Mais mardi 13 décembre après-midi à Washington, Joe Biden a fait part de son impatience, expliquant qu'Israël commençait à perdre du soutien à cause des "bombardements indiscriminés". Pierre Haski, chroniqueur international sur France Inter, précise que "Biden a conseillé à Netanyahou de changer la composition de son gouvernement, qu'il a décrit comme 'le plus conservateur de l'histoire d'Israël'. Un euphémisme pour parler de la frange d'extrême droite radicale (...) le dirigeant de la droite israélienne a opposé hier un 'non' catégorique aux idées avancées par le président américain pour l'après-guerre. 'Gaza ne sera ni un Hamastan, ni un Fatahstan' a-t-il dit, en référence au Hamas islamiste, avec lequel il est en guerre, mais aussi au Fatah, le mouvement de Mahmoud Abbas, le président de cette Autorité palestinienne que les Occidentaux souhaitent voir jouer un rôle accru dans l'après-guerre".

Correspondant de Radio France à Washington, Sébastien Paour rappelle que Joe Biden demeure le premier soutien à Israël : "Il a été le premier à aller sur place après l'attaque du Hamas, il continue à fournir des armes et à refuser le cessez-le-feu y compris aux Nations Unies. Les Etats-Unis sont les premiers à alimenter cette assistance militaire à Israël. Biden est déjà clairement embêté dans sa campagne présidentielle pour 2024. Une campagne en ligne #AbandonBiden a été lancée au début du mois de décembre par des électeurs arabo-musulmans. On les comptabilise notamment dans ces États clés qui passent tantôt côté Républicain, tantôt côté Démocrate. Dans ces États, ce mouvement #AbandonBiden menace de ne pas voter pour lui s'il ne rééquilibre pas sa position dans ce conflit entre Israël et le Hamas. Dans le Michigan, Biden l'avait emporté 150 000 voix et la communauté musulmane est de 278 000 personnes. Si ces électeurs potentiels ne votent pas pour lui, c'est perdu. L'écart était encore plus serré en Arizona ! Ce conflit peut faire perdre cette élection à Joe Biden."

Dans cet épisode : Camille Magnard et Gilles Gallinaro, Thibault Lefèvre, Loig Loury, Sébastien Paour 
Technique : Guirec Corbin
Production : Frédéric Métézeau

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