Cet article date de plus de trois ans.

Noémya Grohan : en finir avec le harcèlement scolaire

Victime de harcèlement scolaire au collège, Noémya Grohan est aujourd’hui la fondatrice de l’association Génér’action Solidaire. Elle intervient dans les écoles pour partager son histoire et faire de la prévention.

Article rédigé par franceinfo - Manon Mella
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Noémya Grohan (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Le harcèlement scolaire touche un enfant sur dix. Noémya en a été victime dans un collège situé à Vence, dans les Alpes-Maritimes au début des années 2000. Pendant quatre ans, son quotidien se résume à des brimades, des insultes et même des agressions physiques. "Ça a commencé par les meneuses de la classe qui ont commencé par me donner des surnoms dévalorisants. Simplement parce que j’étais un peu différente physiquement, je suis devenue une cible. D’autres se sont mis à les imiter et je me suis retrouvée rapidement seule face aux autres. Ça a très vite pris beaucoup d’ampleur", se souvient Noémya. 

Ce harcèlement s’est produit dans l’indifférence "totale" du personnel éducatif qui, selon elle, n’a pas su mesurer l’ampleur du phénomène. Pourtant, "il y avait des signes", explique Noémya. Des absences répétées, un comportement effacé et des résultats en baisse. "C’est passé totalement inaperçu dans la sphère éducative. La CPE a menacé les deux filles de deux heures de colle mais elles m’ont menacé encore plus. Il n'y a eu aucun suivi. J’ai tout raconté mais la CPE n’est jamais revenue vers moi. Le harcèlement a continué sans qu’on se pose la moindre question", raconte-t-elle. 

A un moment donné j’avais tellement perdu confiance en moi que je n’étais même plus capable de regarder les autres dans les yeux. Je marchais tête baissée

Noémya Grohan

Tout ça est également passé inaperçu au sein de sa propre famille. A la maison, Noémya gardait le sourire et en arrivait même à penser qu'elle méritait peut-être ce qu’on lui faisait subir. Avant d’être victime de harcèlement, Noémya était une fille souriante, profondément gentille et épanouie, dit-elle. Mais à force d’être harcelée par ses camarades, elle s’est petit à petit renfermée sur elle.

Elle se lance dans la prévention en 2011

Après des années collège difficiles, elle entre au lycée avec cette possibilité de repartir enfin à zéro. Mais, paradoxalement, c’est à partir de la seconde, alors que le harcèlement a cessé, que tout a explosé. "Tout ce que j’avais encaissé pendant 4 ans au collège est remonté au lycée. C’est là que ça a été le pire. C’est là où je me suis retrouvée en dépression, en échec scolaire", témoigne Noémya. 

Avec le recul ce qui a été le plus dur à vivre ça n'a pas été les de harcèlement au collège mais toutes les années qui ont suivies. Ça a vraiment été très dur.

Noémya Grohan

 Cette peur de l’échec l’empêche d’avancer. Quoi qu’elle entreprenne, Noémya a le sentiment qu’elle va tout rater. Et puis vient ce jour, en 2010, où elle tombe par hasard et par chance sur une association qui lutte contre le harcèlement scolaire. L’association A.P.H.E.E. créée par Jean-Pierre Bellon et Bertrand Gardette. Noemya a le déclic et décide de s’engager.

En 2011, elle crée une page Facebook pour que les victimes puissent raconter et échanger. L’année suivante, au mois de mai, elle fait sa première intervention en milieu scolaire dans un collège.

"En témoignant, la parole s’est libérée. Ça a été très fort"

Les choses avancent. Noémya témoigne sur les plateaux de télévision, dans les studios de radio et, en novembre 2013, elle lance sa propre association, Génér’action Solidaire. Dans la foulée elle publie De la Rage dans mon Cartable, un livre qu’elle a écrit alors qu’elle pensait mettre fin à ses jours. 

J’ai eu des idées noires. J’ai écrit ce livre... à la base c’était un testament que j’adressais à ma mère. “le jour où mon ombre me rattrapera”. J’ai rencontré l’asso etc les portes se sont ouvertes mais c’est un livre que j’ai écrit quand j’étais au fond du trou.

Noémya Grohan

C'est grâce à son engagement et à son travail sur le terrain que Noémya a réussi à se reconstruire. Même si elle était très loin d’imaginer qu’elle passerait sa vie dans les établissements scolaires, Noémya Grohan souhaite toujours continuer dans cette voie. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.