Histoire de folles rumeurs. En 1969, la rumeur d'Orléans
Il y a 50 ans à Orléans, des jeunes femmes disparaissent dans les cabines d'essayage...
Mi-mai 1969, à Orléans, une rumeur se répand comme une traînée de poudre. Des jeunes femmes entrées dans les cabines d’essayage de boutiques de vêtements féminins tenues par des commerçants juifs ont disparu. Certaines auraient été retrouvées droguées et ligotées dans les sous-sols du magasin "Dorphée". La rumeur se précise rapidement. Les jeunes femmes sont endormies par des seringues cachées dans les talons des chaussures puis elles sont ensuite exfiltrées par des souterrains reliés aux rives de la Loire où ces femmes embarqueraient dans des sous-marins. Une véritable "traite des Blanches". Le 31 mai, des attroupements se forment devant les boutiques. Les commerçants sont insultés et menacés.
La presse nationale s’intéresse à cette rumeur d’Orléans
Un journaliste de la télévision française tend son micro à un groupe de jeunes, dans le centre-ville. Les dénégations sont alors légion. Les démentis de la police sont accueillis avec scepticisme. On raconte alors que les Juifs ont acheté leur silence dans la presse, où l’on moque la naïveté des Orléanais et leur antisémitisme, mais aussi par la justice qui classe l’affaire.
Cette rumeur qu’on avait évoquée du bout des lèvres dans d’autres villes a connu un développement inédit à Orléans, ce qui pousse le sociologue Edgar Morin à s’installer dans la ville pour y décrire cette rumeur. Au-delà d’un évident antisémitisme, Edgar Morin y voit aussi un signe du temps : un an après mai 1968, un retour à l'ordre.
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