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Histoire de folles rumeurs. Roger Salengro, le déserteur

Une rumeur sous forme de calomnie, au coeur des années 30.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 1min
Roger Salengro, ministre de l'Interieur. Photo prise en juin 1936. (AFP)

C’est une sale rumeur. De celle qui salit un homme au point de le tuer. Cette rumeur, quelle est-elle ? Le 14 juillet 1936, le journal L’Action française accuse Roger Salengro, le ministre de l’Intérieur du gouvernement de Front populaire arrivé au pouvoir deux mois plus tôt, de désertion, des faits qui se seraient déroulés en 1915. Pour le quotidien nationaliste, la présence du ministre à la cérémonie du 14 juillet 1936 pose problème : "Cette fâcheuse aventure doit mettre une certaine gêne entre le soldat inconnu et lui" écrit le journal.

Cette rumeur est infondée. Prisonnier en Bavière, Salengro n’a jamais déserté. Mais pourquoi s’attaquer à ce point à Salengro ? Parce que le ministre vient tout juste de dissoudre les ligues factieuses, il devient l’homme à abattre pour l’extrême droite française.

La calomnie ne trouve aucun repos

Touché profondément en son honneur, et affaibli par la mort de son épouse Léonie l’année précédente, Roger Salengro se suicide dans la nuit du 17 au 18 novembre 1936. Dans la lettre qu’il laisse à Léon Blum, il écrit : “Ils porteront la responsabilité de ma mort car je ne suis ni un déserteur ni un traître” Le lendemain, le 19, Le Populaire, le journal de Léon Blum, titre : "Ils l’ont tué. Roger Salengro est mort". Et trois jours plus tard, Blum prononce un discours poignant lors des obsèques de son ami : "Il n’y a pas d’antidote contre le poison de la calomnie". 

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