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1964: le pop-art débarque en Europe, une trahison vue de France

En remettant son prix à l'artiste américain Robert Rauschenberg, la Biennale de Venise choque et inquiète la France. Paris serait-il voué à décliner?
Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1min
Franceinfo (Franceinfo)

Retour au mois de décembre 1964. La Biennale de Venise vient de remettre son prestigieux prix. Et la surprise est immense…

 

"La Biennale de Venise, vieille de 69 ans, consacre un jeune américain, Robert Rauschenberg, dont les préoccupations plastiques vont de l'objet dérisoire à la cabine spatiale, du grotesque à l'inquiétude"

 

La remise du prix au peintre américain Robert Rauschenberg, l’un des pionniers de ce qu’on appelle déjà le  "pop-art" est vécue en Europe et en France notamment comme une véritable  "trahison" de la part de la Biennale de Venise.

Dans le journal  "Combat ", le très respectable poète et écrivain Alain Bosquet se lâche :

"Le choix de Rauschenberg une “insulte”, une “atteinte à la dignité de la création artistique”, un “acte abject et intéressé”, "un événement dégradant dont on peut se demander si l’art de l’Occident pourra se relever".

On accuse nommément le galeriste et marchand d’art américain Léo Castelli d’avoir manœuvré pour faire triompher le pop-art.

Et derrière ces attaques teintées d’un véritable anti-américanisme, la crainte, l’angoisse même, du déclin de Paris, en tant que capitale artistique. Elle pointe dans ce reportage télévisé de 1965:

 

"L'art bouge, il s'internationalise, mais les expositions importantes se déroulent en dehors de Paris. Le Bateau-Lavoir abandonné par Braque et Picasso reste penché sur sa quille et les amoureux de Chagall se sont envolés de la Ruche. Pourtant la Cité internationale est construction. Qui s'y installera ?"

 

Georges Braque avait obtenu le précieux prix à Venise en 1948, Jean Fautrier de même en 1960, mais il est vrai que depuis les artistes français peinent à s’imposer sur la scène internationale. Et c’est un doux euphémisme.

Reste que l’exceptionnelle exposition consacrée à Andy Wahrol nous dit que même si c’est à un artiste américain que les portes du Musée d’Art Moderne s’ouvre à nouveau, personne n’y voit plus de trahison, ou d’acte abject !

 

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