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Avant le Tafta, la France avait enterré l'AMI (1998)

François Hollande paraît désormais réticent à négocier le vaste accord de libre-échange transatlantique. Cela rappelle la position de Lionel Jospin contre l'AMI il y a près de vingt ans.
Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (photo d'illustration - Lionel Jospin, Premier ministre, en 1998 © Maxppp)

Retour ce matin le 13 février 1998. Il y a près de 20 ans, comme aujourd’hui, les pays européens et les Etats-Unis, auxquels s’ajoutaient alors les autres pays de l’OCDE, négociaient un vaste accord économique. Les négociations longtemps totalement secrètes avaient débuté en 1995 et portaient sur l’investissement….Pour résumé, les FMN des pays de l'OCDE devaient pouvoir, à l'issue de l'accord, investir sans entraves dans n'importe quel pays de l'OCDE.

Mais lorsque l’accord est rendu public, par des fuites d’abord au Canada, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il suscite des résistances en France. Denis Astagneau sur France Inter :

"L'AMI, c'est l'ennemi" écrivait Jack Lang dans un titre à la Georges Orwell l'autre jour dans Le Monde...Est-ce que c'est une sorte de Big Brother économique qui menace le monde entier? A en croire les déclarations lues et entendues depuis quelques jours, c'est pire que le GATT..."

Si Jack Lang a pris sa plume, c’est parce que c’est d’abord le milieu de la culture qui s’inquiète de la fin des entraves aux investissements étrangers, et surtout américains, en France. En somme, c’est la précieuse exception culturelle arrachée aux Américains quelques années plus tôt seulement qui paraît menacée. Mais ce sont aussi les altermondialistes qui s’opposent à l’AMI. Ils sont alors en train de se fédérer autour du Monde Diplomatique et s’inquiètent publiquement de la possibilité offerte aux FMN d’attaquer les Etats devant un tribunal pour entrave aux investissements. …Le mouvement d’opposition prend de l’ampleur, en France et au sein même de la gauche plurielle, écologistes et communistes étant vent debout contre l’AMI. Au point que pour contenter l'aile gauche de son gouvernement, Lionel Jospin se prononce finalement contre l'AMI le 14 octobre 1998 :

"Une chose est de consentir des délégations de souveraineté dans le cadre d'une communauté qui est la nôtre, celle de l'Union européenne, dans un processus contrôlé par les Etats. Une autre est de concéder des abandons de souveraineté à des intérêts privés, sous prétexte de discussions d'un code international de règlement des investissements."

La France semble aujourd’hui se détourner du TAFTA qui paraît bel et bien l’héritier du défunt AMI, enterré par Lionel Jospin. François Hollande qui aux côtés de Barack Obama en février 2014 avait dit  « vouloir aller vite » dans les négociations, paraît vouloir désormais contenter sa gauche à un d’une présidentielle difficile.

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