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CGT et FO: coude à coude ou dos à dos ?

L'unité syndicale contre la Loi Travail est l'un des grands enjeux du moment. Mais cette unité est fragile. Une fragilité qui remonte à la naissance même de FO.
Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Franceinfo (Franceinfo)

Retour le 19 décembre 1947. Une date véritablement historique pour l’histoire syndicale française. Ce jour-là, la CGT a implosé. Léon Jouhaux, le secrétaire de la CGT et quatre secrétaires confédéraux viennent d’annoncer qu’ils la quittent et fondent une nouvelle confédération syndicale, Forces Ouvrières, de son nom complet CGT-FO. A la radio, l’un de ceux qui ont œuvré le plus à la scission, Oreste Capocci, explique cette décision historique :

"Les grèves [de 1947], que nous ne pouvons pas condamner en tant que grèves...on s'est servi de de la misère ouvrière pour un but qui n'avait rien à voir avec la revendication elle-même. Car, ce n'est pas toujours par des grèves et surtout des grèves illimitées et générales qu'on rétablit un ordre social qui permette aux ouvriers de reconquérir le moyen de vivre."

Il n’y a pas que le choix du réformisme qui expliquerait la scission. Si la FO s’appelle CGT-FO c’est bien parce que la nouvelle confédération prétend poursuivre l’œuvre de la CGT qui, selon eux, se serait perdue en s’alignant derrière le Parti communiste français, reniant ainsi le principe de l’indépendance syndicale posé pourtant en 1906 lors de la Charte d’Amiens.

Dans le contexte de la guerre froide, cette indépendance n’est pas réelle selon les dirigeants de la CGT qui ne voit dans FO qu’une annexe de la SFIO. Et si les archives montrent que les socialistes n’ont cessé de tenter de se rapprocher de FO dans les années 1950 et 1960, la confédération syndicale a toujours conservé son principe fondateur.

Au début des années 1960, l’unité syndicale semble de la science-fiction, même si, à écouter les ouvriers, elle est souhaitable.

A la faveur de grèves, FO et CGT se retrouveront coude à coude, mais sous la direction d’André Bergeron à la tête de FO de 1963 à 1989, jamais la confédération syndicale ne s’éloignera du réformisme et d’un rejet violent de la CGT. L’arrivée de Marc Blondel à la tête de FO changera la donne, avec comme point d’orgue la poignée de mains médiatisée avec son homologue de la CGT, Louis Vianney, à l’occasion des manifestations contre le plan Juppé de 1995.

Reste que les deux confédérations se regardent toujours avec une grande méfiance. La séquence de loi Travail en constituant une nouvelle preuve.

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