De la menace irakienne à la menace iranienne, Netanyahu au Capitole
Nous sommes le 12 septembre 2002. L’Amérique vient de commémorer le premier anniversaire des attentats contre le World Trade Center et le Pentagone. Depuis quelques mois, au sein d’une large coalition, le pays s’est attaqué à l’Afghanistan des Talibans accusé d’être le sanctuaire de Ben Laden…Mais, l’administration Bush s’est mise en tête d’en finir avec Saddam Hussein en Irak. Devant le Congrès, un ancien premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu se fait l’avocat d’une attaque immédiate contre l’Irak…
"Il n’y a aucun doute que Saddam a le projet, travaille et développe l’arme nucléaire. Aucun doute. Et il n’y a aucun doute qu’une fois qu’il l’aura, l’histoire changera immédiatement. Et aujourd’hui, les Etats-Unis doivent détruire ce régime, parce Saddam doté de l’arme nucléaire mettrait le monde entier en dangers. "
Pour l’ancien premier ministre, l’équation est simple : Saddam va se doter de l’arme nucléaire, ce qui va mettre en danger le monde, il faut donc le renverser.
Et de fait, six mois plus tard, les États-Unis se lançaient dans la guerre contre l’Irak sous prétexte de la présence d’armes de destruction massive prétendument cachées par le régime mais aussi en raison des arguments de Netanyahu au sujet d’un programme nucléaire irakien.
Difficile de ne pas faire le parallèle avec le dossier iranien, d’autant qu’aujourd’hui, le même Netanyahu est au Capitole pour y prononcer son discours devant le Congrès. Farouchement hostile à un accord sur le nucléaire iranien, certain que l’Iran veut se doter de l’arme nucléaire, il est fort à parier que le Premier ministre israélien évoquera aujourd’hui encore le risque de la prolifération nucléaire.
En 2002, alors que tout le monde pensait à Al Qaïda, Netanyahu avait convaincu les Américains qu’ils ne vaincraient les terroristes qu’en détruisant les États qui les soutiennent. En somme renverser Saddam Hussein plutôt que de lutter directement contre Al Qaïda
"La clé pour vaincre le terrorisme c’est de détruire les régimes qui abritent et qui sont les complices des terroristes. Si Al Qaïda avait eu des armes nucléaires en sa possession en septembre dernier, New York n’existerait plus aujourd’hui."
Aujourd’hui, avec une rare constance, à nouveau le Premier ministre israélien cible un État plutôt qu’une organisation terroriste. L’Iran plutôt que Daech. La parallèle n'est pas parfait: impossible en effet d'imaginer l'Iran offrir l'arme nucléaire à Daech qu'il combat par ailleurs. La crainte se situe davantage au niveau d'une prolifération non maîtrisée ou de l'accès à cette technologie du Hezbollah via Téhéran.
Mais au-delà même de la différence de situation, évidente, il y en une autre et pas des moindres. Le locataire du Bureau ovale en 2015 semble moins enclin à écouter les conseils de Netanyahu que le locataire de 2002.
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