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Du Paludisme à Ebola, la science ne suffit pas

A l'heure où selon Médecins sans Frontières le monde est en train de perdre la bataille contre le virus Ebola qui fait des ravages en Afrique de l'Ouest, replongeons-nous dans la lutte contre les grandes pandémies, Ebola, bien sûr, mais également le Paludisme. Cet exemple permet de montrer que des vaccins et des traitements éprouvés ne suffisent pas.
Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (© Maxppp)

La lutte contre le virus Ebola n'a pas commencé avec l'apparition de l'épidémie que connaît l'Afrique depuis quelques mois. En 1995, alors que plus de deux cent personnes décèdent au Zaïre de cette fièvre hémorragique, sort sur les écrans un film catastrophe américain, qui nourrit l'angoisse.

Alerte, c'est son nom, réunit Morgan Freeman et Dustin Hoffman dans une lutte contre un vrius mortel, Motaba, menaçant l'Amérique, via un petit singe importé d'Afrique. Les symptômes de cette maladie mortelle tout comme l'absence de traitement ne sont pas sans rappeler Ebola. Mais une Ebola beaucoup plus menaçante car elle toucherait directement l'Occident !...

Toutefois, en 1995, l'épidémie est éradiquée en quelques semaines après avoir causé un peu plus de deux cents décès. On est bien loin des près de 2.000 morts recensés aujourd'hui.

Maladie de pauvre dans des pays pauvres, Ebola intéresse peu les grands labos. Les Etats-Unis ont cependant financé quelques recherches depuis qu'ils ont classé Ebola parmi les armes potentielles du bioterrorisme. En effet, ces derniers n'ont guère d'intérêts à travailler sur des marchés aussi peu "porteurs" et "rentables".

Mais attention, trouver un vaccin, déterminer un traitement, ou même faire de la prévention. Cela ne suffit pas nécessairement. En prenant l'exemple du Paludisme, cette constatation est sans équivoque.

En 1953, grâce au vaccin, à des traitements adaptés et à l'action de l'OMS, les scientifiques sont très optimistes sur l'éradication définitive de la maladie. Cependant, aujourd'hui, 62 ans plus tard, si des progrès sensibles ont été réalisés, un enfant meurt encore chaque minute du Paludisme en Afrique.

Alors il est probable que la lutte contre la pauvreté, contre l'instabilité politique, contre l'analphabétisme doivent accompagner les progès de la science. Mais ces progrès-là sont très lents, trop lents pour faire la Une des journaux ou encore donner lieu à un film holywwodien !

Pour aller plus loin :

http://www.liberation.fr/monde/1995/05/22/a-kikwit-les-folles-rumeurs-sur-le-virus-ebola_132723   -En 1995, une partie de la population locale, pourtant touchée par le virus ne croit pas en la véracité de l'épidémie. Ce serait plutôt une maladie causée par les Blancs

Les épidémies terrassées : une histoire des pays riches, Patrice Bourdelais, Broché, 2003

Les épidémies dans l'histoire de l'homme : essai d'anthropologie médicale, Ruffié et Sournia, Flammarion, 1999

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