"Faits aux vins de Bordeaux, nos estomacs devront désormais s'accoutumer au Coca Cola", Louis Jouvet (1946)
Retour le 4 juillet 1946, Bordeaux est en fête. La foire de la ville connaît sa résurrection après 6 ans d’interruption en raison bien sûr de la guerre. Et quand il s’agit de Bordeaux mais aussi de résurrection, le vin n’est pas loin…
25e du nom, la célèbre foire de Bordeaux rouvre ses portes après une eclipse de six ans...Tradition et bonne humeur. Mais comme la bonne humeur, surtout à Bordeaux, ne saurait aller de pair avec la sécheresse, le palais des vins figure en bonne place sur l'esplanade des Quinconces. Et les visiteurs, semble-t-il, tiennent avant tout à prouver que leur intéret à la renaissance économique de leur cité n'a rien de particulièrement platonique.
Mais cette foire de Bordeaux et l’enthousiasme un peu alcoolisé de ces visiteurs ne doit pas faire oublier l’angoisse d’une profession qui se sent depuis une cinquantaine d’année, et les grandes manifestations dans le Languedoc en 1907, abandonné par les forces publiques.
Peu de temps après de la foire de Bordeaux, les viticulteurs sont par exemple particulièrement inquiets par le déferlement de Coca-Cola dans les caisses du Plan Marshall, et ironie de l’histoire, dans le port de Bordeaux. Lors d’une manifestation contre la "coca-colonisation" de la France, le comédien Louis Jouvet aura ce mot :
Faits aux vins de Bourgogne ou de Bordeaux, nos estomacs devront désormais s'accoutumer au Coca-Cola. Cela revient, en somme, à abdiquer sa qualité de Français
En 1967, l’émission de télé Panorama est consacrée au "vin de la colère" :
Depuis plus de 50 ans la vitculture française semble être en crise permanente, malgré une très forte consommation, elle est toujours menacée par les risques de surproduction. La plus récentes des crises remonte à 10 jours à peine. Poteaux sciés, trains bloqués dans le Midi. C'est la riposte des viticulteurs à la décision du gouvernement de reprendre partiellement les importations de vin d'Algérie.
La présence du président de la République aujourd’hui lors de l’inauguration de la cité du Vin à Bordeaux a pour vocation de rappeler l’attachement de la France à la filière, mais aussi de rassurer une profession qui craint structurellement d’être abandonnée par la force publique dans un marché de plus en plus concurrentiel.
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