Histoire d'info. Trump devant l'assemblée générale de l'ONU : la tentation du bras d'honneur
Donald Trump s'apprête à prendre la parole devant les Nations Unies. Un discours très attendu. Pour certains, ce sera une déclaration de guerre contre l'institution qui a fait du multilatéralisme la condition à la paix et à la sécurité.
Donald Trump doit monter à la tribune des Nations Unies pour un discours qui est très attendu. Pour certains, ce sera une déclaration de guerre contre l'institution qui a fait du multilatéralisme la condition à la paix et à la sécurité. Le président américain s’était montré déjà particulièrement critique envers l’ONU avant de s’installer à la Maison Blanche le 20 janvier dernier.
En décembre, il avait notamment vertement critiqué l’institution qu’il accusait –évidemment via un tweet – de créer plus de problèmes que de trouver des solutions. Agacé par une résolution condamnant la colonisation israélienne, il s’emportait : l’ONU "n’est plus qu’un club pour se retrouver, discuter et passer un bon moment. So sad !" Et il ajoutait que c’était une "perte de temps" et une "perte d’argent" ouvrant des spéculations sur l’implication américaine, à l’heure où Trump paraît privilégier un repli nationaliste qui passe par une remise en cause du multilatéralisme relancé par les années Obama.
Trump a soufflé le chaud et le froid avec l’ONU depuis qu'il est président
Le chaud, c’est malgré tout, la décision de continuer à passer par l’ONU pour faire pression sur la Corée du Nord où les sanctions s’accumulent – huit trains de sanctions depuis 2006 – sans grand succès, il est vrai.
Le froid, c’est la baisse de la participation de son pays au budget de l’ONU, et plus particulièrement des opérations de maintien de la paix. Les Etats-Unis ont en effet réduit leur participation de 7,5 % pour 2017 avant probablement bien plus pour 2018.
Trump considère que le fait que son pays doive participer à hauteur de 28,5% aux opérations de maintien de la paix est "injuste", ce qui risque de rouvrir le débat sur la participation américaine, comme au début des années 2000. A ce moment-là, les Etats-Unis avaient obtenu une réduction de leur participation au budget régulier de 25 à 22%.
Il ne s’agit pas que d’une question économique, bien évidemment. L’Amérique de Trump rejette idéologiquement le multilatéralisme qui nuit, par principe, au repli nationaliste qu’il privilégie pour "rendre à l’Amérique sa grandeur". L’idée que cela puisse passer par le multilatéralisme n’est pas intégré dans le logiciel de Trump, comme il l’avait été par Bill Clinton ou Barack Obama (qui eux aussi, bien sûr, œuvraient avant tout pour leur pays).
Trump met la souveraineté au-dessus des autres principes
Selon H.R. McMaster, le conseiller à la sécurité nationale des Etats-Unis, Trump viendra à la tribune pour marteler trois principes. Les deux premiers n’ont rien d’originaux : la paix et la prospérité. En revanche le troisième est plus intéressant, d’autant que Trump voit en lui la condition des deux premiers : la souveraineté. En se faisant promoteur de la défense de la souveraineté nationale, Trump risque de faire un bras d’honneur à l’institution devant laquelle il va prononcer son discours.
Si l’ONU a bel et bien été fondée dans le respect du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes en 1945, l’institution a posé comme principe que le multilatéralisme est la condition de la réalisation de ses objectifs : la paix et la prospérité. Trump proposera donc un renversement total de cette proposition en défendant l’idée que la prospérité et la paix sont la conséquence du respect de la souveraineté nationale. Bien plus qu’avec quelques millions de dollars en moins, c’est ainsi qu’il blessera durablement les Nations Unies.
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