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Histoires d'Info. 1953 : un Suédois inconnu devient secrétaire général de l'ONU

Le Portugais Antonio Guterres doit devenir le prochain secrétaire génral de l'ONU. Ce rôle très particulier dépend des conditions de son élection, mais surtout du contexte de son exercice. Pas seulement de son charisme.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Dag Hammarskjöld, secrétaire général de l'ONU de 1953 à 1961. (AFP)

En 1953, l'ONU doit se trouver un nouveau secrétaire général. Les conditions de son élection sont plutôt étonnantes : "Le Conseil de sécurité se trouvait devant une tâche insurmontable. Trouver pour diriger l'ONU un homme qui satisfasse tous les membres. Après de nouvelles séances infructueuses, la France découvrit en Suède un fonctionnaire qui n'était connu que de ses compatriotes et qui semblait réunir toutes les qualités nécessaires."

Dag Hammarskjöld est élu et devient le deuxième secrétaire général de l'ONU. Il y a là quelque chose de fondamental : le choix du secrétaire général doit satisfaire tout le monde, ou plutôt ne déplaire à personne, et en premier lieu aux cinq membres qui disposent d’un droit de veto au Conseil de sécurité et notamment sur la nomination du secrétaire Général.

Dag Hammarskjöld sera beaucoup moins effacé que sa nomination ne le suggère.  Il se révélera un très grand secrétaire général, en poste à un moment charnière, celui de la Décolonisation, qui verra les puissances occidentales perdre le contrôle de l’Assemblée générale des Nations Unies. Il sera très actif au moment de la crise de Suez et défendra en permanence l’indépendance de l’ONU. Réélu en 1957, il disparaît tragiquement dans un accident d’avion, en 1961, et John Kennedy le qualifiera de "plus grand homme d’Etat du XXe siècle".

Autorité politique

Dag Hammarskjöld est parvenu à faire de sa fonction non plus seulement une autorité morale mais bien une autorité politique. Mais structurellement, son pouvoir dépend éminemment et évidemment du bon vouloir des États puissants. Exemple en décembre 1998 : "C'est une triste journée pour les Nations Unies et pour le monde, dit Koffi Annan, qui n'utilise pas la langue de bois pourtant en vigueur dans les instances internationales. C'est dire sa déception. Quel contraste avec la mission de février 1998. Le diplomate ghanéen encore mal connu devient un héros. En faisant le voyage de Bagdad il sauve la paix in extremis alors que les Américains ont déjà le doigt sur la détente." 

Ainsi, la force d’un secrétaire général dépend d’abord d’un contexte, d’un moment, ce qui en creux définit les faiblesses de l’ONU. Au fond, aussi charismatique soit-il le nouveau secrétaire général aura les pouvoirs que voudront bien lui accorder les grandes puissances

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