Histoires d'Info. 1971 : Greenpeace débarque sur la scène médiatique
Vendredi matin, Greenpeace a réussi un nouveau coup d'éclat en déployant une banderole anti FNsur la tour Eiffel. L'organisation est une habituée de ce type d'opérations médiatiques. Retour sur la première d'entre elles.
Après la nouvelle action de Greenpeace, vendredi 5 mai, sur la tour Eiffel, revenons sur la première opération médiatique de l'ONG. Direction : les mers froides du nord de l'océan Pacifique en 1971. Plus précisément sur l’île américaine d’Amchitka, l’une des îles Aléoutiennes au large de l’Alaska, où, depuis 1965, les Américains conduisent des essais nucléaires souterrains.
Si les essais de 1965 et de 1969 suscitent peu de résistance, ceux prévus en novembre 1971 mobilisent les écologistes et notamment un certain mouvement qui émerge brusquement sur la scène politique et médiatique.
Lutte anti-nucléaire
Radio Canada s'en fait l'écho le 28 octobre 1971 : "La population de Vancouver a manifesté, il y avait 8 000 personnes dans la rue je pense. Et il y a eu une expédition, que l'on a appelé l'expédition Greenpeace. Douze hommes de science et des journalistes sont montés à bord d'un petit bateau et sont allés s'installer en pleine mer, à 3 milles environ de l'île et qui ont, à toutes fins utiles, offert leurs vies. Ils sont revenus parce qu'ils n'avaient pas suffisamment de vivres mais ils pourraient fort bien repartir maintenant que l'on sait que l'explosion aura lieu."
Quatre journalistes à bord, c’est bel et bien une stratégie de médiatisation de l’action qui est recherché par ces militants embarqués sur un petit navire dont la voile est recouverte du nom Greenpeace, abréviation du slogan "Make it a Green Peace" ("Faites une paix verte").
Protecteur des baleines et des phoques
A l’époque, la jeune organisation, fondée un an plus tôt, s’appelle encore Don’t Make a Wave Committee (Ne faites pas de vague). Elle lutte exclusivement contre les essais nucléaires sur l'île d'Amchitka qui pourraient créer tremblements de terre et tsunamis dans cette zone géologiquement très sensible. Des vagues, l'organisation espère en faire grâce à ses coups médiatiques ! Elle ne cessera d'agir de la sorte, même si Greenpeace ne se limite rapidement plus aux seuls essais nucléaires.
Dès 1972, un navire est envoyé à Mururoa, en Polynésie française, pour s'attaquer aux essais nucléaires menés par la France. En parallèle, Greenpeace se mobilise contre la chasse à la baleine et contre le massacre des phoques, des thèmes importants et très porteurs dans l’opinion publique.
Politique ou médiatique, Greenpeace ?
Cependant, des tensions apparaissent au sein du mouvement quant à la stratégie à mener. L’un des fondateurs, Ben Metcalfe, partisan d'une médiatisation importante de ces campagnes écologiques, claque la porte au milieu des années 1970. "Je pense que la seule façon de le rendre vraiment efficace est d'entrer dans les partis et dans le système politique", explique-t-il alors.
"Liberté" : de manifester, de critiquer le pouvoir, que l'on soit militant, journaliste ou simple citoyen #Resist pic.twitter.com/2jtFbdgAfV
— Greenpeace France (@greenpeacefr) 5 mai 2017
Greenpeace n’a jamais fait de la politique au sens classique du terme, comme l’appelait de ses vœux Ben Metcalfe. Mais, entre coups médiatiques et actions plus discrètes et plus profondes de lobbying, l’organisation n’a jamais cessé de peser sur la vie politique.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.