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Histoires d'info. Des autoroutes dans les villes, un fantasme des années 1970

Alors que les vignettes Crit'air font leur apparition sur les voitures françaises, retour à une époque où la voiture était la reine de la ville.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La traversée de Lyon est un calvaire pour les automobilistes à certaines périodes de l'année. Le 25 août 2006. (JEFF PACHOUD / AFP)

Il n'y a pas si longtemps, la voiture était désirée en ville. Mais aujourd'hui, mettre les voitures les plus polluantes hors des grandes villes françaises est à la mode et c’est plus largement la place de la voiture dans nos villes qui est menacée.

On peut mesurer le chemin parcouru en un demi-siècle en écoutant cette archive datant de 1972. Un journaliste apprend aux automobilistes de Nancy qu’il a été décidé d’assécher la Meurthe entre Jarville à Malzéville, deux communes de l'agglomération nancéienne,  pour en faire une autoroute qui traversera la ville. Les réactions des automobilistes sont enthousiastes. Pour eux, c'est une formidable nouvelle : "Si c'est pour faciliter la circulation , ce serait une bonne chose. Si il y a une autoroute qui est construite, ce sera toujours bien."

Les Lorrains sont enthousiastes mais c’est une actualité du 1er avril 1972 et ils se sont fait avoir par le canular du journaliste. Reste que cela en dit long sur l’état d’esprit de l’époque. Non pas sur l’humour de l’époque mais bien sur le rapport à la voiture et aussi à l’environnement. Il y a 45 ans, c’était une super idée que d’assécher un cours d’eau pour aller plus vite en voiture !

Des autoroutes cisaillent les villes

C’est la grande époque des projets pharaoniques de voies express qui accélèrent la circulation routière dans les villes, mais qui aussi les éventrent; c’est l’ère des autoroutes qu’on ne veut pas voir ralenties par les villes qu’elles traversent. En 1970, le maire de Lyon, Louis Pradel, reçoit le président Pompidou. "Dans peu de temps, la traversée de Lyon pourra se faire sans rencontrer de feux rouges et notre ville sera la seconde du monde après Los Angeles a être dans ce cas là" lui annonce-t-il fièrement. 

Et Georges Pompidou de rétorquer : "Je n'ose pas tout à faire vous contredire. Il me semble tout de même que la voie express rive droite sur Paris ne doit pas avoir de feux rouges. Mais je ne le jurerais pas."

On mesure l’évolution des mentalités à une mesure prise il y a quelques jours seulement et qui concerne cette fameuse autoroute urbaine lyonnaise. Fin décembre, a été publié le décret permettant le déclassement des autoroutes A6 et A7 dans leur traversée de Lyon. La préfecture du Rhône a présenté ce déclassement comme "l'étape fondatrice du processus qui conduira à terme à détourner le trafic de transit de l'agglomération lyonnaise".

 

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