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Histoires d'info. En Allemagne, un parti d’extrême droite a déjà failli entrer au Bundestag

92 députés d'extrème droite entrent au Parlement allemand mardi. Ils sont la vitrine de leur parti, l'AfD - Alternative pour l'Allemagne. Cela rappelle de très mauvais souvenirs à une grande partie de la population. Des milliers de personnes ont défilé dans les rues dimanche à Berlin, pour protester contre ce parti anti-migrants, anti-islam qui est devenu la troisième force politique du pays

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Adolf von Thadden (au centre) lors d'un meeting du NPD à Hannover (Allemagne), le 12 novembre 1967.
 (WOLFGANG WEIHS / DPA)

92 députés d'extrème droite entrent au Parlement allemand mardi 24 octobre. Il ne faut pas nier l’importance historique de l’évènement : l’entrée de députés issus d’un parti à droite de la droite au Bundestag, un parti qu’on qualifie d’extrême droite, c’est une première depuis la fin du nazisme et l’on a vite fait d’y voir le signe que le traumatisme de la Seconde Guerre mondiale est passé, que les plaies sont suffisamment cicatrisées pour que les Allemands glissent sans culpabilité un bulletin de cette famille politique dans l’urne. C’est aller un peu vite en besogne et ce pour deux raisons.

La première, c’est qu’un parti d’extrême droite a déjà failli entrer au Bundestag et c’était pas si longtemps que cela après la fin de la Seconde Guerre mondiale. À la fin du mois de septembre 1969, en pleine campagne électorale allemande, le magazine d’information de l’ORTF Panorama consacre à cette campagne un long reportage qui s’ouvre sur le Parti national démocratique (le NPD) face à ses adversaires : "Campagne électorale musclée en Allemagne fédérale, surtout pour le parti d'extrème droite NPD, toutes ses réunions sont littéralement attaquées par des groupes de jeunes qui narguent Adolf von Thadden en faisant le salut hitlérien et n'ont de cesse, avant de l'avoir contraint, de quitter les lieux."

Adolf von Thadden, ancien membre du parti nazi, ancien lieutenant de la Wehrmacht pendant la guerre et président de Parti national démocratique fait un parallèle avec le parti nazi : "Cette campagne est la plus dure depuis 1932. Nous sommes, ce parti, préparés à faire une contre-attaque contre les communistes. Le Parti national démocratique peut gagner entre 40 et 60 sièges dans le Bundestag."

Adolf von Thadden a été trop optimiste

Avec 4,3 % des voix son parti fondé cinq ans plus tôt seulement frôle la barre des 5 % nécessaires pour disposer d’élus au Bundestag. Ce résultat choque profondément l’Allemagne moins de 25 ans après la chute du nazisme d’autant que le NDP compte beaucoup d’acteurs ou de nostalgiques de cette période sombre de l’histoire allemande. Le choc de ce résultat est tel que le parti et ses thèses racialistes s’effondrent rapidement, mais si le NDP ne cessera jamais d’exister, connaissant même un regain après la réunification quand il trouve à l’Est le soutien de mouvements très anti-communistes. Et des résultats parfois impressionnants comme ces 9 % obtenus en 2004 lors des élections régionales en Saxe.

L’AFD ne peut pas être qualifié de parti néo-nazi

Largement issus des rangs de la démocratie chrétienne, les dirigeants de l’AFD, sont populistes (ou néo-populiste), eurosceptiques, hostiles à la politique migratoire d’Angela Merkel, mais pas néo-nazi, l’AFD n’est pas hostile à la démocratie, prônant une démocratie plus directe, n’est pas non plus hostile à la république, contrairement au NDP. A cet égard, l’entrée de l’AFD au Bundestag doit davantage être rapprochée de la percée électorale du FN aux dernières législatives ou aux succès électoraux récents des néo-populistes de droite en république tchèque, en Pologne, en Autriche. Bien sûr chaque cas a son histoire locale, et on comprend que celle de l’Allemagne fasse ressurgir de terribles fantômes. 
   

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