Histoires d'info. La fusion Alstom/Siemens au défi des principes européens
Bruno Lemaire est à Bruxelles, lundi 21 janvier, pour y défendre la fusion entre deux géants européens du rail : l’Allemand Siemens et le Français Alstom. Une fusion annoncée en septembre 2017 mais qui a besoin du feu vert de l’Europe pour se réaliser.
Il y a dans l’histoire assez récente un cas qui ressemble beaucoup au cas Siemens/Alstom, et le ministre de l'Économie, Bruno Lemaire, aimerait certainement que la commission européenne l’ait en tête.
Schneider/Legrand, acte I : la fusion
Nous sommes le 15 janvier 2001, et c’est un grand cocorico dans le secteur industriel français : la fusion entre Schneider et Legrand. France Inter annonce que "cette fusion entre deux fleurons de l'industrie française donnera naissance au nouveau leader mondial de la distribution électrique." À eux deux, ils cumulent un chiffre d'affaires annuel de plus 80 milliards de francs pour un résultat net d'environ 5,5 milliards.
Schneider/Legrand, acte 2 : la défusion
Quelques mois plus tard, alors que la fusion est quasiment totalement réalisée, le commissaire à la concurrence, Mario Monti fait son apparition. La concurrence serait mise à mal par cette fusion et pourrait nuire au consommateur européen, c’est la justification de cette lutte contre les "trusts", ce qu’on appelle les abus de domination dominante.
Résultat, en janvier 2002, "ne parlons plus de fusion, annonce France 3 Limousin, dans son journal. La commission européenne a fixé aujourd'hui les modalités de séparation entre Schneider et Legrand."
Les dirigeants politiques français de l’époque s’en émeuvent, les économistes également, pointant, comme Bruno Lemaire aujourd’hui, une loi d’un autre temps, inadaptée à la mondialisation et surtout offrant sur un plateau les entreprises européennes aux entreprises étrangères, notamment américaines. En témoignera par exemple le rachat du mythique Péchiney par le canadien Alcan en 2003.
Schneider/Legrand, acte 3 : la condamnation
Mais il n’y a pas que les politiques et les économistes qui accusent Bruxelles. Pour la première fois, la commission européenne se retrouve condamnée dans une affaire de concurrence et pourrait ainsi se voir obligée de verser des indemnisations à l'entreprise Schneider.
La commission est condamnée par la cour de justice des communautés européennes pour une décision peu motivée et c’est à l’époque, il y a 10 ans pour les défenseurs de l’émergence de champions européens, la certitude que la politique de la concurrence européenne va changer, qu’elle va selon eux abandonner les beaux principes au nom du pragmatisme. L’avenir de la fusion Siemens/Alstom sera, à cet égard, très instructif.
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