Histoires d'Info. Le Qatar et l'Arabie saoudite : l'Iran comme pierre de discorde
L’Egypte, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis viennent de rompre leurs relations diplomatiques avec le Qatar accusé de soutenir les terroristes. Pourtant, dans les années 1970, ces pays avaient su trouver des intérêts communs pour s'allier.
Lundi 5 juin, l’Egypte, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ont rompu leurs relations diplomatiques avec le Qatar accusé de soutenir les terroristes islamistes. Pourtant, les monarchies sunnites du Golfe étaient officiellement et depuis plusieurs décennies alliées. Retour en effet en décembre 1979, à cette date le Qatar s’est rapproché de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis. Et à la fin des années 1970, quand on parle de rapprochement, le pétrole n’est jamais loin : "L'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et le Qatar augmentent de six dollars le prix de leur baril de pétrole. Une décision qui intervient donc avant même la réunion des pays producteurs de l'Opep à Caracas. Je vous rappelle que l'Arabie saoudite est le principal fournisseur en pétrole de la France."
Il n’y pas qu’un intérêt commun à augmenter le prix du baril en limitant collectivement la production. En 1979, les monarchies du Golfe font face à des périls communs. Tout d'abord la Révolution islamique en Iran, qui leur est très hostile et qui les menace en poussant les minorités chiites à y renverser les familles au pouvoir. Puis, quelques mois plus tard, l’Afghanistan est envahie par l’Armée rouge ce qui place l’URSS à quelques centaines de kilomètres d'eux seulement. Enfin, à partir de 1980, la guerre Iran-Irak est le dernier élément de contexte qui pousse des monarchies pétrolières longtemps rivales à s’allier.
Union de six monarchies
Cette alliance prend la forme du Conseil de coopération du Golfe, lancé officiellement en 1981 et composé de six pays : Oman, Koweit, Bahrein, Emirats arabes unis, Qatar et Arabie saoudite. Six monarchies pétrolières et non démocratiques qui font donc face aux mêmes défis et dont l’unification est largement chapeautée par Washington qui craint une déstabilisation régionale dont pourrait tirer profit l’Iran. En 1984, le Conseil de coopération du Golfe dépasse la coopération diplomatique et économique pour se doter d’une armée commune, une force de déploiement rapide qu’on appelle "Le bouclier de la péninsule" pour venir en aide à l’un des Etats qui serait menacé. Jusqu’à 20 000 hommes peuvent être mobilisés. Ce bouclier a notamment agi en 2011 pour venir en aide au Bahrein confronté à d’importantes manifestations chiites.
Pour autant, malgré près de quarante ans passés dans la même organisation régionale, l’Arabie saoudite n’a jamais supporté ce voisin gênant, concurrent économique et de plus en plus géopolitique. En accusant le Qatar de financer le terrorisme mais aussi de dialoguer avec l’Iran, c’est pour l’Arabie saoudite l’un des fondements même de l’existence du Conseil de coopération du Golfe que le Qatar a mis en péril.
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