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Histoires d'Info. Quand le jean faisait mauvais genre

Il n'y a pas si longtemps, les blouses, la plume et l'encrier étaient obligatoires dans les écoles françaises. Les traditions dans les écoles françaises ont bien changé.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Jean troué, voire déchiré. (MAURICIO SANTANA / GETTY IMAGES SOUTH AMERICA)

Les traditions dans les écoles françaises ont bien changé avec les années et certains peuvent aujourd'hui nous paraître surprenantes. Retour sur une période où blouse et plume étaient de rigueur.

Ce n’est pas vraiment la première fois que la direction d’un établissement scolaire met son nez dans les tenues de leurs élèves qu’elle juge indécentes et qu’elle en interdise alors certaines. Mais il est vrai qu’une fois encore les archives nous permettent de mesurer le chemin parcouru par la société française.

Nous sommes ici en 1960 à l’École Alsacienne à Paris, un établissement privé et laïc d’excellence, et un journaliste interroge les élèves sur quelques interdits vestimentaires en cours dans l’établissement qui accueille les élèves de la maternelle à la terminale. Là, ce sont des lycéens qui répondent : 

Elève : "On nous interdit les cheveux dans le dos, les cheveux décolorés, le maquillage, les lunettes fumées, le sac à main, les pantalons."

Journaliste : "Pensez-vous que votre directeur a eu raison de vous interdire les chandails à col roulé ?" 

Elève : "Non, parce que le col roulé sert à tenir chaud."

Journaliste : "Le blue jean"

Elève : "Oui, parce que ca fait mauvais genre."

Journaliste : "On vous oblige à porter une blouse jusqu'à quelle classe ?"

Elève : "Toutes les classes sont obligées de porter la blouse."

Journaliste : "Même la vôtre ?"

Elève : "Même la mienne."

Journaliste : "Alors pourquoi n'en portez-vous pas ?"

Elève : "Parce que je suis contre la blouse. Je trouve que la blouse détruit toute personnalité. Quand on voit dans la cour, cela fait uniforme un peu."

Si on avait dit au jeune lycéen qui pense que le jean fait "mauvais genre" qu’un jour on mettrait non seulement des jeans, mais des jeans troués et non seulement des jeans troués, mais des jeans troués qui laissent entrevoir le caleçon, il se serait probablement évanoui. 

Les blouses ont plus ou moins disparues

Elles vont parfois perdurer dans l’enseignement privé et dans des écoles publiques, surtout dans les zones rurales. En fait, contrairement à ce qu’on pense, elles n’ont jamais été obligatoires. Il n’y d’ailleurs jamais eu d’uniforme dans les écoles publiques françaises. On dit toujours qu’elles disparaissent après mai 1968. Que le refus de l’autorité les a remisées dans les armoires de l’histoire. La réalité est un peu différente. Revenons au début des années 1960, avec une archive qui, en apparence, n’a rien à voir avec les blouses. Mais là encore un interdit scolaire :

Un journaliste : "Une autre affaire, plus souriante celle-là, à Bernay. Ordre de la direction, les élèves du collège ne doivent pas utiliser le stylo à bille mais la plume classique qui dessine pleins et déliés."

Un parent d'élèves : "L'usage du stylo à bille n'étant interdit par aucun règlement, je suis fermement décidé à poursuivre cette affaire en vue d'obtenir la réintégration de mes enfants dans les classes dont on vient de les exclure."

Et le journaliste de poursuivre : "Horrible détail, la lettre de renvoi est écrite... au stylo à bille."

Le 4 septembre 1965, une circulaire du ministère de l’Éducation nationale permet enfin l’utilisation du stylo à bille. Une décision qui condamnera progressivement les blouses qui avaient d’abord pour objectif de protéger les vêtements des éclats d’encre. Ceux qui souhaitent le retour de la blouse n’oseraient cependant pas proposer le retour à la plume, ce qui pourtant, aurait sa logique historique !

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