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Histoires d'info. Vin et fraude : des liens de longue date

Le vin a fait l'objet de fraude à plusieurs reprises dans l'histoire. Il a même donné lieu au concept d'appellation d'origine contrôlée, aujourd'hui connu sous le signe AOC.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des coupes de Crémant de Loire. (CHRISTIAN WATIER / MAXPPP)

Lundi, une enquête de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a montré que des millions de litres de rosé espagnol ont été vendus en tant que vin françaisLa fraude et le vin est un couple qui fait bon ménage et depuis très longtemps. On l’ignore souvent mais la plus importante manifestation du début du XXe siècle en France est une manifestation de viticulteurs du Languedoc qui se soulevaient contre la crise du vin et qui ciblaient plus particulièrement la fraude !

On a du mal à l’imaginer aujourd’hui, mais la région de la ville de Béziers, "capitale mondiale du vin" autoproclamée, produit jusqu’à 45% de la production nationale. Pour faire face à cette surproduction, des vins trafiqués commencent à inonder le marché, accentuant ainsi la surproduction et la colère des viticulteurs. Parmi les techniques frauduleuses, on distingue la production de vins à partir de raisins séchés importés, de vins allongés d’eau (dits mouillés) ou encore de vins chaptalisés, c’est-à-dire auquel on ajoute du sucre au moût pour augmenter le degré d’alcool final du vin.

Les grandes manifestations de 1907 aboutiront aux premières lois anti-fraude interdisant le mouillage et encadrant le sucrage. Il s’agissait de protéger le vin naturel contre le vin trafiqué. La question de la fraude sur le vin s’est donc posée il y a plus décennies déjà.

Les AOC d'aujourd'hui nées grâce au vin

Le label "appellation d'origine contrôlée" est né dans l’entre-deux-guerres, pour protéger la production nationale et pour rassurer les consommateurs. Le concept d'appellation d'origine doit tout à l'initiative d'un homme, le baron Le Roy qui obtint en justice, en 1933, la délimitation de l'appellation Châteauneuf-du-Pape. Il participe ensuite, aux côtés d'un parlementaire de Gironde, à l'élaboration d'une loi instaurant en 1935 un Comité national des appellations d'origine des vins et eaux-de-vie. La question de la qualité et de l’origine du vin a théoriquement été réglée il y plus de 80 ans.

Des scandales à répétition

Et pourtant, les scandales n'ont jamais cessé. 1990 voit par exemple des Champagne produits un peu partout dans le monde, bien que cela ne soit pas aussi grave que le cas du rosé faussement produit en France. Les bouteilles de Champagne précisaient le véritable lieu de production : Champagne de Californie, du Brésil, d’Éthiopie... L’enjeu a été alors d’imposer une appellation Champagne à l’échelle mondiale. Autre exemple : jusqu'en 2005 aux États-Unis, un viticulteur pouvait produire du Chablis ou du Sauterne. Depuis cette date, aucun viticulteur ne peut commencer sa production, mais les anciens producteurs ont, quant à eux, obtenu le droit de continuer à commercialiser du Chablis produit à des milliers de kilomètres et vendu à très bas prix en Chine.

La fraude n’est pas qu’étrangère et ne concerne pas que de petits vins. Le scandale de vins mélangés et de fausses étiquettes a touché il y a quelques années une prestigieuse maison bourguignonne de Nuits-Saint-Georges. Les techniques de fraude traditionnelles n’ont pas disparu avec la loi de 1907, loin de là. Il y a quelques jours seulement, le Château Giscours, grand cru classé du Médoc, a sévèrement été condamné pour "chaptalisation frauduleuse" : ce cru classé de Margaux avait ajouté des quantités importantes de sucre dans les cuves.

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