Homme-femmes au travail : le difficile passage de l'égalité formelle à l'égalité réelle
Retour en novembre 1968. Le vent de mai a soufflé. L’ORTF consacre une émission aux inégalités salariales entre les hommes et les femmes. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles sont bel et bien réelles :
– Qu'est-ce que vous faites ?
– Mécanicienne en sellerie.
– Et vous monsieur ?
– Sellier.
– C'est la même usine ?
– La même usine.
– Le même travail?
– Le même travail. C'est un travail de même valeur. Nous travaillons dans le même atelier. On utilise les mêmes machines.
– Et combien gagnez-vous par moi, monsieur ?
– 80 000
– Et vous madame ?
– Environ 56 000.
Et pourtant, en 1952 avait été votée à Genève une Convention internationale. Elle prévoyait l’égalité de rémunération entre main d’œuvre masculine et main d’œuvre féminine pour un même travail. Elle avait été signée par la France, mais on le voit, les inégalités salariales pour un même emploi perduraient fortement en France en 1968.
En 1972, une loi impose l’égalité de salaires entre les hommes et les femmes, complétée par une directive européenne de 1976.
Mais, alors que les inégalités pour un même travail s’estompent lentement, la question la plus sensible demeure celle de l’accès à certaines fonctions. En mars 1982, Yvette Roudy, Ministre des Droits de la Femme, jette un pavé dans la mare. Elle est l’invité du JT d’Antenne 2 :
On peut proposer l'application de certaines mesures que j'appelle "les discriminations positives", c'est-à-dire lorsqu'on s'aperçoit qu'il y a vraiment trop de femmes ou quasiment pas du tout dans certains secteurs, et bien on prend la décision d'une façon volontaire, c'est ce que j'appelle la volonté politique. On décide qu'il ne doit pas y avoir moins d'un certain nombre de femmes dans tel ou tel secteur. Ça peut faire sauter un certain nombre de verrous.
La loi votée en 1983 oubliera la "discrimination positive" appelée de ses vœux par Yvette Roudy. Une idée qui reviendra toutefois bien des années plus tard, quand en 2011, est votée la loi Copé-Zimmermann qui prévoit l’instauration progressive de quotas pour aller vers la féminisation des instances dirigeantes des grandes entreprises. 40% de femmes dans les conseils d’administration des grandes entreprises en 2017 c'est l'objectif fixé par le texte. On en prend la direction.
Il restera ensuite à s’interroger sur d’autres inégalités qu’on ne pourra pas réduire par la loi ou par des quotas, notamment celle face liées aux tâches ménagères…
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