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La SNCF et la dette, un vieux couple qui dure...

La SNCF est née de l'endettement des compagnies privées. Une dette structurelle qui s'explique notamment par les attentes contradictoires de l’État.
Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Franceinfo (Franceinfo)

Retour le 27 novembre 1938. La SNCF créée l’année précédente est très endettée, les déficits s’accumulent…A la radio, le ministre des Travaux Publics,  Anatole de Monzie, évoque deux pistes pour ramener les comptes de la SNCF à l’équilibre:

"Que faire? Augmenter les recettes en augmentant les tarifs? C'est ce dont on s'est avisé en juillet 1937 et au 1er janvier 1938. Ces majorations cumulées qui dépassaient 50% dans les transports de voyageurs et 60% dans les transports de marchandises ont amené une diminution du trafic de 15 à 20%.
J'ai supprimé 5000 km de lignes ferrées pour résultat de quoi, une économie de 150 à 200 millions est assurée."

L’endettement du secteur ferroviaire n’est pas vraiment chose nouvelle, ni aujourd’hui, ni en 1938, la SNCF ayant été créée en 1937 pour remplacer les compagnies privées, les fameuses compagnies de Paris-Orléans, ou Paris-Lyon-Méditerranée, fameuses mais criblées de dettes ! Compte tenu de la dimension d’aménagement du territoire, il était naturel pour le Front populaire de nationaliser le ferroviaire. Mais l’entretien permanent du réseau, sa nécessaire modernisation ou encore la concurrence de la route gonflent structurellement les déficits et ainsi l’endettement de la SNCF.

D’où les mesures chocs de 1937-1938 : hausse des tarifs et disparition de lignes secondaires très déficitaires. Des mesures qu’on a depuis souvent appliquées…

Le feuilleton de la dette ne date pas d'hier

A la fin des années 1960, l’Etat impose, contre une liberté de gestion notamment sur les tarifs, un équilibre des comptes de la compagnie. Mais rien n’y fait. En septembre 1981, le ministre des Transports, le communiste Charles Fiterman n’y va pas par quatre chemins :

"La SNCF est dans une situation financière...catastrophique. Elle est endettée jusqu'au cou. Plus on a fermé des lignes, plus on a réduit les effectifs, plus les déficits se sont aggravés. Aujourd'hui, nous sommes au sens strict au bord de la faillite."

La SNCF au bord de la faillite pour avoir tenté de faire des économies, voilà une explication qui ne sera pas retenue bien longtemps. Au seuil de son 80ème anniversaire, la SNCF n’est guère vaillante. Prise entre un impératif de service public, une mise en concurrence accrue, et des syndicats puissants, la compagnie est au cœur d’une équation à trois inconnues dont le résultat est bien souvent négatif, comme ses comptes.

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