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Le 14 décembre 1963, la Maison de la Radio, "unitaire et circulaire" selon de Gaulle, est inaugurée

En ce jour d'ouverture au public de la "nouvelle" Maison de la Radio, retour sur l'inauguration de 1963. Un lieu unique, moderne mais aussi de contrôle par le pouvoir politique. Et dès l'origine "l'obligation morale de réussir toutes nos émissions"
Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Fin des travaux de la Maison de la Radio dans le XVIe arrondissement à Paris ©  Sipa Press)

 Le samedi 14 décembre 1963, c'est jour de fête sur la colline de Chaillot dans la 16e arrondissement de Paris. On inaugure une Maison, mais pas n'importe laquelle, une grande maison ronde. La nôtre, la vôtre, la Maison de la Radio.

"Unitaire et circulaire" selon le général de Gaulle

Présent à l'inauguration, le général de Gaulle alors président de la République définit ce que sera cette Maison. "A la radio, fallait-il une maison ? Oui (...) et ce bâtiment complexe et imposant est le signe de l'organisation, de la concentration, de la cohésion nécessaire à son audience et à son influence !"

"Concentration" et "cohésion" dit De Gaulle. Il est vrai qu'il était alors nécessaire de réunir dans un lieu unique ceux qui oeuvraient avant sur 39 sites différents un peu partout dans Paris. Mais à l'époque, certains y voyaient aussi la volonté gaullienne de contrôler des journalistes, rassemblés en un lieu unique, dont le rôle était avant tout de relayer la parole gouvernementale. Toutefois, ce vaste projet n'a pas été décidé sous la présidence de Gaulle. Si les travaux ne commencent véritablement qu'en 1958, la construction de la Maison de la Radio a été décidée en 1955.

Cela étant, dans son livre C'était de Gaulle, Alain Peyrefitte, ministre de l'Information le jour de l'inauguration, rapporte un échange étonnant entre De Gaulle et lui-même alors qu'ils déambulent dans les couloirs de la Maison.

"Vous logez ici naturellement ?
-Mais non mon général !
-Comment, il n'y a pas d'appartement pour le ministre ?
-Non, il n'y a que des bureaux !"

En réalité, quelques pages plus loin, Peyrefitte révèle qu'un an plus tôt, on lui avait bien présenté des plans avec un grand appartement dans la tour centrale. Il devra ainsi se contenter d'un bureau au sommet de ladite tour qui sera pendant une dizaine d'années destiné à un représentant du gouvernement.

 

"L'obligation morale de réussir toutes nos emissions"

Dans son discours, De Gaulle parle également de l'influence de la RTF. Et cela s'explique part la perte d'auditeurs enregistrée par la radio publique face à celles que l'on appelle alors les radios périphériques, Europe N°1 et RTL en tête.

Cet écrin sur les pentes de la colline de Chaillot doit ainsi favoriser la qualité des émissions. Jacqueline Baudrier  est rédactrice en chef des journaux parlés de l'ORFT et deviendra en 1975 première PDG de Radio France. Le jour de l'inauguration, sous les yeux de de Gaulle qui l'observe depuis la régie et qui s'avoue heureux de mettre un visage sur une voix, elle avoue à l'antenne : "Nous avons l'obligation morale de faire de belles émissions !"

Alors qu'après dix ans de travaux est aujourd'hui inaugurée la nouvelle Maison de la Radio, donnons-nous à notre tour cette obligation.

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