"Le plan numérique", comme un air de la "télévision scolaire" des années 1950 et 1960
Retour en 1953. Rares sont les Français qui disposent chez eux d’un poste de télévision, il n’y a alors que 60.000 postes dans le pays, mais beaucoup d’enfants la regardent déjà, chez des copains plus chanceux ou ailleurs…Et ailleurs, c'est à l'école.
"La télévision considérée comme moyen d'enseignement passe dans le domaine pratique. Dans les classes primaires, commencent à partir d'aujourd'hui, à fonctionner trois fois par semaine, des cours réguliers à la télévision..."
Ce ne sont encore que les balbutiements, mais pour nombre de pédagogues de l’époque, la télévision est l’une des solutions pour accompagner l’enseignant et doit même permettre à l’enseignement d’être plus efficace et plus égalitaire, tout en préparant les enfants de toutes les origines sociales à la société moderne.
Ce qu’on appelle "La télévision scolaire", ce sont des programmes spécifiques, et à son apogée dans les années 1960, on aura jusqu’à 20h produites par semaine, et l’appel à de grands réalisateurs comme Jean Eustache ou Éric Rohmer.
Certains enseignants s’inquiètent d’y perdre leur travail, mais d’autres se montrent enthousiastes, à l’image de ce directeur d’école de 1960 qui voit dans la télévision scolaire une vertu supplémentaire:
"On lui apprend à utiliser l'image, comme on lui apprend à utiliser la parole, l'imprimé, les livres. La télévision scolaire ne travaille pas seulement pour l'enseignement, mais elle travaille pour le développement d'un bon usage, civique, honnête, de l'information visuelle en général ."
Au fond, le plan numérique d’aujourd’hui, c’est un peu la télévision scolaire d’il y a 50 ans : améliorer l’efficacité et l’équité de l’école tout en formant l’esprit critique.
Formulons le vœu que le numérique réussisse là où la télévision scolaire a (finalement) échoué.
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