Le président de la République face aux Français à la télévision: un piège?
Le 1er mars 1975, Madame Demagny a passé du temps en cuisine. Quiches lorraines, épaule d'agneau, haricots (verts)... Elle a un illustre invité à sa table. Le président de la République Valéry Giscard d'Estaing (et son épouse).
C'est la deuxième fois depuis le début de son mandat que le Président s'invite à la table d'un couple de Français moyens, pour comprendre, dialoguer... Être au plus près de la société française, loin des dorures de l'Elysée.
Aujourd'hui, cette communication pourrait sembler grotesque. Mais en prenant garde à ne pas convier les caméras de télévision, le président laisse ses hôtes raconter, de manière évidemment élogieuse, sa venue.
Le Président chahuté
Trente ans plus tard, en avril 2005, Jacques Chirac décidait à son tour de s'adresser directement aux Français dans une grande émission diffusée sur TF1, France 2, France 3 et M6. Mais il ne cherche pas à écouter, plutôt à convaincre. Car l'heure est grave. Nous sommes à un mois et demi du référendum sur la constitution européenne et le "NON" risque de l'emporter (il l'emportera d'ailleurs le 29 mai).
Alors le chef de l'Etat reçoit un panel de 83 jeunes Français à l'Elysée. 83 jeunes qui peuvent poser toutes les questions qu'ils désirent. Mais l'émission tourne au cauchemar. Se voulant à tout prix rassurant, le président agace et semble minimiser les craintes des jeunes. C'est un fiasco.
Le Président qui "choisit les Français"
Cinq ans plus tard, Nicolas Sarkozy dans "Paroles de Français" sur TF1 se frotte aux "vrais Français". La soirée se passe mollement mais le président se fait sérieusement attaquer par un syndicaliste. L'année suivante, en février 2011, il remet ça mais face à un panel nettement plus docile. Et les critiques sont plus fortes le lendemain.
Jean François Achilli, le meilleur d'entre nous, dénonce un Président en roue libre et un Jean-Pierre Pernault condamné à passer les plats.
Ce soir, François Hollande s'essaie à son tour à l'exercice. Un exercice d'équilibriste. Et peut-être une fausse bonne idée.
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