Le Royaume-Uni, outil traditionnel de la politique européenne des États-Unis
Donald Trump est au Royaume-Uni dans un contexte de crise politique majeure sur fond d’introuvable Brexit.
Un président américain et à travers lui, une diplomatie américaine qui encourage le Royaume-Uni dans sa politique vis-à-vis de l’Union européenne, ce n’est pas vraiment nouveau.
Quand l'Amérique poussait le Royaume-Uni à intégrer l'Europe communautaire
Je vous propose de revenir en avril 1962. À cette date, le Royaume-Uni ne fait pas partie de la Communauté européenne, le pays a refusé d’y entrer au début des années 1950 et a même lancé sa propre zone de libre-échange avec des pays européens hors de la CEE en 1960.
Le 28 avril 1962, donc, à Washington, le premier ministre conservateur Harold McMillan rencontre le président Kennedy, et au menu, parmi les sujets évoqués, celui d’une possible demande d’entrer dans le CEE.
Cette demande d’entrer dans le CEE, le général de Gaulle la tuera dans l’œuf lors d’une conférence de presse restée célèbre en janvier 1963, précisément parce qu’il y voit la main des États-Unis et la perte d’indépendance de l’Europe communautaire que l’entrée du Royaume-Uni entraînerait.
Le Royaume-Uni, levier pour influencer la marche de l'Europe
Mais ce qu’il y a d’intéressant, dans le parallèle entre hier et aujourd’hui, c’est que même si la pression américaine est opposée (dans un cas, pousser le Royaume-Uni à entrer dans l’Europe, dans l’autre la pousser à en sortir rapidement et si nécessaire sans accord), il y a, dans les deux cas, la tentation à travers le Royaume-Uni d’influencer la marche de l’Europe communautaire.
Hier, en tentant de faire entrer un allié, on parlait beaucoup à l’époque du Royaume-Uni comme d’un cheval de Troie des États-Unis, qui, entrant en 1973, sera un partenaire très réticent à toute intégration politique et surtout militaire, ce qui servait les intérêts américains qui ont toujours craint une Europe suffisamment intégrée pour pouvoir concurrencer les États-Unis.
Le Brexit est un moyen aujourd'hui d'affaiblir une Europe que Trump a dans le collimateur, souvenez-vous de ses attaques commerciales ou à ses attaques au sujet de la participation des Européens aux dépenses de l'OTAN. Plus profondément, le multilatéralisme promu par Bruxelles se heurte à la vision souverainiste de Trump.
Trump, le Brexit et sa réélection
N’oublions pas que le Brexit fut finalement la première victoire électorale de Trump. Dès le début de l'année 2016, il avait soutenu à fond le Brexit quand personne n’y croyait, et il avait même prédit sa victoire, contrairement à Hillary Clinton.
Il avait ensuite vu dans le résultat, le signe que sa propre victoire était possible que son constat de l'état de nos démocraties était valable. Peu après le référendum britannique, il était même venu au Royaume-Uni pour capitaliser sur ce résultat surprenant pour beaucoup d'observateurs.
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