Les loups en France, entre angoisse et fascination
En 1950, sur les ondes françaises, Ludwig Koch, cet Anglais spécialiste de l'enregistrement des sons de la vie sauvage est certain de faire frissonner les auditeurs en leur faisant écouter le hurlement du loup.
La fin des loups
Grand méchant loup, tueur d'enfant... Il n'a peut-être pas tout à fait tort. Mais pourtant, au début des années 1950, cette peur n'a plus vraiment lieu d'être. Depuis quelques années en effet, victime de la déforestation, des poisons, des armes de plus en plus perfectionnées et des campagnes d'éradication de la rage, le loup a pratiquement disparu des massifs forestiers français.
Et les derniers survivants de l'espèce ont intérêt à bien se cacher, car les chasseurs, qui touchent une prime à chaque tête de loup rapportée, ont la gachette facile.
Ainsi, lorsque Ludwig Koch effraie ses audieturs, cet ennemi de l'homme et des bergers est quasiment éradiqué.
Le loup est de retour!
Il fait son grand retour en France au début des années 1990, 1992 officiellement, dans le Mercantour. L'animal est un loup arrivé d'Italie, pays dans lequel la sanctuarisation des grands parcs naturels a favorisé sa réinstallation.
Dans ces années-là, une thèse du complot grandit chez les bergers, inquiets de voir les grands méchants loups revenir rôder autour de leur troupeau. Pour eux, c'est l'État qui a réintroduit le loup. Comment aurait-il pu, sinon, traverser le Rhône...?
Mais pour Véronique Campion-Vincent, spécialiste des légendes urbaines, cette thèse n'a pas lieu d'être !
"Y avait-il un plan du gouvernement caché ? Le rapporteur a bien dit que cela ne pouvait pas avoir été un complot !"
C'est pourtant une chose à laquelle on croit encore fermement, et que l'on a entendu en novembre dernier dans les bouches des bergers venus manifester à Paris avec leurs bêtes sous la Tour Eiffel.
Non seulement l'État a réintroduit volontairement le loup, mais en plus le protège aujourd'hui, ce qui en revanche n'est pas faux.
En outre, notre époque est à la réhabilitation du loup, la littérature jeunesse s'étant employée à en faire un gentil personnage de conte, qui aide même les enfants à apprendre à lire.
Alors gentils loups et méchants bergers ? Ce n'est pas l'avis de Jean Pierre Jouffré, berger à Arles en 1998, qui pleure ses brebis blessées et tuées...
"On y tient aux bêtes !"
La question du loup est sensible, elle renvoie à nos angoisses les plus profondes, le loup effrayant les enfants. Mais elle rencontre également notre fascination pour la vie sauvage
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