Quand (déjà) les nouveaux programmes en histoire inquiétaient (1977)
Retour ce matin en 1967…mais la scène pourrait tout aussi bien se passer en 1920 ou à la fin du XIXème siècle. Un jeune garçon relit sa leçon d’histoire:
"Nos ancêtres les Gaulois étaient grands, blonds, portaient des moustaches et ils tressaient leurs longs cheveux contrairement aux Romains..."
Passons sur le fait que ses ancêtres ne sont peut-être et même certainement pas Gaulois…C’était le temps de l’histoire récit, de l’histoire des grands hommes, du roman national, l’histoire de la IIIème république, même si en 1967 c’est déjà la Vème république.
Mais bientôt, cet enseignement de l’histoire est emporté dans une grande réforme des programmes pour la rentrée 1977, une réforme portée par le ministre Haby. Des grands thèmes et les grandes civilisations structurent un enseignement qui inquiète beaucoup de parents et d’élèves à en croire Alain Decaux, le pape de l’histoire médiatique, ici en 1979 sur France Culture:
Depuis quelques années, je sens cette panique. Des gens qui m'écrivent, des parents, qui me demandent: "Mais qu'est-ce qui se passe? Nos enfants ne savent plus du tout l'histoire, on ne leur en parle plus, on leur en parle de moins en moins, qu'est-ce que ça cache, qu'est-ce que ça dit?". Et les lettres de jeunes, et ça ça me fait plaisir... je me rends compte qu'il y a beaucoup de jeunes qui aiment l'histoire mais qui ne trouvent pas à l'école de quoi satisfaire leur passion...
Alain Decaux, les parents et les élèves ne sont pas les seuls à s’inquiéter des nouveaux programmes.
Lors d’un grand débat organisé par la revue Historia en mars 1980, le président de l’association des professeurs d’histoire-géographie Jean Peyrot se lâche,
De réformes en réformes, les réformateurs ont tué, ou à peu près, l'éducation nationale [applaudissements]. L'Etat fabrique des technocrates, des techniciens, des robots déracinés et déshumanisés. Les Français ne sauront bientôt plus d'où ils viennent ni qui ils sont. Ce jour-là, il n'y aura plus de France .
Ces mots, on les croirait pris dans l’actualité de 2015 !
Ils nous rappellent que les débats sur l’enseignement de l’histoire ne sont pas nouveaux et sont toujours passionnels.
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