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Quand un président devient un lieu : du général de Gaulle à Jacques Chirac

C'est une première pour un ancien président toujours vivant : Jacques Chirac donne son nom au Musée du Quai Branly. Un hommage unique.
Article rédigé par Thomas Snégaroff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Franceinfo (Franceinfo)

Retour  au 13 novembre 1970, la France est en deuil. Le général de Gaulle est mort quelques jours plus tôt. Les hommages se multiplient et le Conseil de Paris annonce une décision importante par la voix de son président, le gaulliste Didier Delfour :

Le Conseil de Paris a décidé de donner à la Place de l'Etoile le nom de Charles de Gaulle.

 Il faudra ensuite cependant de longues discussions pour qu’effectivement la place de l’Etoile devienne Charles-de-Gaulle. Un mois plus tard, les centristes proposeront plutôt un monument sur la nouvelle place de la Porte Maillot qui prendrait le nom de Porte du Général de Gaulle, prenant la mémoire du Général en otage des tensions politiques entre gaullistes et centristes. Quelques années plus tard, le Centre national d’art et de culture portant lui aussi le nom d’un président décédé, Georges Pompidou, sera également menacé, mais dans sa construction même, par le président Giscard finalement convaincu par son premier ministre gaulliste, Jacques Chirac.

Un geste politique

Donner le nom d’un monument ou d’un lieu public à un ancien président est évidemment un geste politique. Et théoriquement évoqué après le décès du chef de l’Etat. Il y a tout de même une exception, c’est François Mitterrand qui a beaucoup œuvré de son vivant à laisser une trace architecturale dans l’Histoire. Au point qu’en avril 1995, dix jours avant le premier tour de la présidentielle, Bernard Pivot l’interroge sur l’opportunité de donner son nom à l’un des monuments qu’il a fait construire :

 

– Il est évident, M. le Président, que par reconnaissance à votre personne, un jour, un de ces grands travaux portera votre nom.
– Non, pourquoi... Ecoutez, jusqu'ici, j'ai toujours refusé qu'on donne mon nom...o n m'a proposé assez souvent...
– Quand vous ne serez plus là, vous ne pourrez pas empêcher de...
– Je ne sais pas ce qui se passera.
– Mais Bibliothèque François-Mitterrand, ça serait pas mal non ?
– Oui, mais je ne le demande pas. Il y a des noms plus illustres ou plus adaptés.
– Non mais attendez, c'est vous qui en avez eu l'idée, et vous adorez les livres, vous adorez les écrivains. S'il y a un monument qui vous ira bien, c'est celui-là.
– Si vous étiez chargé de ça et si vous me proposiez aujourd'hui de prendre cette décision, je vous dirais non.

 Sincérité ? Fausse modestie ? Toujours est-il que Bernard Pivot a vu juste. En décembre 1996, près d’un an après le décès de François Mitterrand, les premiers lecteurs entrent dans la Bibliothèque qui porte son nom. Qu’un très grand monument, comme le Musée du Quai Branly prenne le nom d’un président vivant, c’est en revanche une première. 

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